Boom ! La nouvelle a fait l’effet d’une déflagration dans le (petit) milieu du cyclisme breton. Le 23 novembre 2023, la suspension pour trois ans de Damien Poisson pour violation des règles antidopage était révélée au grand jour. La formation Dinan Sport Cycling était pour la première fois de son histoire frappée par une affaire de dopage. Elle a été vécue comme une véritable trahison par l’encadrement, si bien que Michel Danjou, le président dinannais logiquement remonté à l’époque de voir son équipe exposée médiatiquement pour de mauvaises raisons, n’était pas loin de tout arrêter.
« J’avais peur qu’on soit montré du doigt »
« Si j’avais eu la sentence un peu plus tôt, je l’ai dit lors d’une réunion avec les partenaires, j’aurais arrêté », explique-t-il six mois après. Mais voilà, le budget, augmenté de 50 000€ non sans mal pour répondre aux nouveaux prérequis pour rester en N1, et le recrutement 2024 étaient bouclés. Et la passion du président bénévole depuis 1979, qui partage ses journées de 6 h à 19 h entre son équipe et son garage, a repris le dessus sur l’émotion. Il ne pouvait pas laisser sur le carreau staff et coureurs d’un projet façonné à son image.
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« La question qui s’est posée avec les coureurs : Comment allait-on sortir de tout ça ? On n’était pas à l’abri qu’un partenaire nous lâche », craignait Antonin Dauriannes, directeur sportif et entraîneur de Dinan SC.
La quarantaine de chefs d’entreprise a maintenu son soutien envers l’équipe. « Il faut les remercier. Ils sont attachés à l’image de Dinan SC et la construction par Michel Danjou depuis plusieurs années », poursuit le DS.
Comme tous les coureurs, qui avaient tous signé depuis un mois minimum, ont maintenu leur engagement. « Je sais que ça peut arriver dans n’importe quelle équipe », expose Florian Rapiteau, l’une des recrues.
Pas un tabou dans l’équipe
Lors du premier stage de cohésion de la saison, quelques semaines après la révélation, les points ont été mis sur les i.
« J’ai dit aux jeunes que si un à moment donné ça n’allait pas mentalement ou si les choses ne se passaient pas bien, on était là pour en discuter. On est un club de N1. Le but c’est d’aller chercher les meilleurs résultats mais le sport reste du plaisir. En amateur, on essaye d’encadrer au mieux. Mais on n’a pas les moyens des équipes professionnelles pour mettre en place des choses. Ça passe par beaucoup de communication. Je les ai au téléphone presque tous les jours. Avant d’être bien physiquement, il faut qu’ils soient bien mentalement », raconte Antonin Dauriannes qui a constaté une recrudescence généralisée des contrôles antidopage depuis le début de la saison sur les courses. « Pour être honnête, on n’avait eu presque aucun contrôle jusqu’à mai la saison dernière. Depuis l’Essor Basque, on est presque contrôlés à chaque course. »
Une enquête de l’AFLD
« J’avais peur qu’on soit montré du doigt et qu’à chaque fois qu’un coureur gagne, j’entende “Dinan ce sont des dopés !” Mais ça n’a pas été le cas », reprend Michel Danjou. Ni le staff ni les coureurs n’ont senti un regard de travers ou été intimidés dans un peloton qui sait parfois se montrer sans merci. Au contraire ! « J’ai reçu le soutien des autres N1 bretonnes qui m’ont appelé le jour même. Elles ne comprenaient pas », raconte Michel Danjou dont l’équipe a fait l’objet d’une enquête de l’AFLD (agence française de lutte contre dopage) pour s’assurer que c’était bien un cas isolé.
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Si l’équipe a fait le deuil de la « bêtise d’un coureur », bien aidée par le renouvellement à plus de la moitié de l’effectif «qui ne connait pas Damien», le sujet n’est pourtant pas tabou en son sein. « On a beaucoup d’espoirs 1. Ce serait malsain, reprend l’ancien professionnel chez St-Michel Mavic Auber 93 Florian Rapiteau (25 ans). On est amenés à en parler entre coureurs. Il faut le faire. J’ai toujours dit aux jeunes qu’il ne fallait jamais avoir cette idée qui traverse son esprit car ça n’apporte rien de bien. »
« Dinan a une bonne image, sérieuse. C’est ce qui nous a sauvés », conclut Michel Danjou dont l’affaire n’a pas entravé la passion et entrevoit déjà de jours meilleurs.
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