Nouveau déplacement en région ce jeudi pour le chef de l’État qui se rend dans un lycée professionnel de Charente-Maritime pour présenter sa réforme de la filière. Une réforme qui inquiète notamment les enseignants. Ronan Oillic le secrétaire académique du syndicat SNUEP FSU était l’invité de France Bleu Armorique.
France Bleu Armorique : les enseignants des lycées professionnels s’étaient mobilisés en fin d’année dernière contre la réforme voulue par Emmanuel Macron. Même les entreprises n’y semblaient pas vraiment favorables. Est-ce que vous avez été surpris que le chef de l’État reparle de cette réforme lors de sa dernière allocution présidentielle ?
Ronan Oillic : Surpris ? Non, parce qu’on sait que ça fait partie de ses projets. Le principal souci, c’est quand même, on n’a pas du tout été concerté et donc on s’attend à un peu à tout sans trop savoir. Et c’est un peu quand même délicat de ne pas avoir pu discuter de cette réforme en amont.
Et le timing semble serré, puisque ce serait a priori déjà pour l’année prochaine, pour la rentrée de septembre.
Certaines des mesures s’appliqueraient dès le mois de septembre effectivement. Lesquelles ? On ne sait pas trop puisqu’on a été tenu soigneusement à l’écart de tout ça. Mais d’autres pourraient venir pour pas plus tard, donc on verra.
Les premières pistes de cette réforme concerneraient l’allongement des durées des stages des élèves en lycée professionnels. Emmanuel Macron l’avait déjà dit, il voulait même l’augmenter de 50 %. Cela devrait être moins finalement, cela peut vous rassurer ?
Non, ça ne nous rassure pas du tout. Effectivement, ce sera sans doute moins parce que les collègues s’étaient massivement mobilisés contre. Mais ça reste un allongement. Nous ne sommes le principe d’être plus longtemps en entreprise qui nous gêne, mais c’est que ça va se faire au détriment de semaines de cours. Alors déjà que toutes les réformes passées ont contribué à restreindre les semaines de cours, les horaires de cours, si on allonge les stages, forcément, la qualité de l’enseignement s’en trouvera encore dégradée.
Vous parlez de l’enseignement général, le français, les maths par exemple ?
C’est ça l’enseignement général, mais aussi l’enseignement professionnel. Parce que quand ils sont dans une entreprise, les jeunes se retrouvent à travailler sur un poste, donc sont formés sur un poste précis, alors qu’en atelier, dans les lycées professionnels, on forme à un ensemble de métiers, c’est plus vaste. Et pour les mobilités futures et pour l’employabilité comme ils disent, c’est quand même un gros avantage de pouvoir voir l’ensemble des métiers. Et effectivement, le fait de restreindre énormément les heures de cours va amener à compliquer les poursuites d’études de nos élèves.
Et ces stages, est-ce qu’aujourd’hui déjà, ils sont faciles à trouver pour tous vos élèves dans les filières professionnelles ?
Non, c’est très compliqué parce que souvent, nos élèves sont jeunes, donc les tuteurs hésitent à les prendre. Donc, on a déjà du mal à trouver suffisamment de stages. Allonger la durée, c’est allonger les problèmes. On a souvent des élèves qui, déjà, pour essayer d’avoir leur quota, sont obligés de rattraper finalement pendant les vacances scolaires parce qu’ils ont raté une semaine, ils ont trouvé leur stage un peu trop tard, ils ont eu un arrêt de travail. Du coup, ils sont déjà obligés de rattraper pendant les semaines de vacances et parfois, ils n’y arrivent pas. Dans ce cas-là, ce qui est un peu paradoxal, c’est qu’on voit qu’il y a toujours des dérogations pour finalement avoir le diplôme, même s’ils n’ont pas fait toutes les semaines de stage. Parce que même le rectorat est conscient que c’est compliqué.
Et que pensez-vous de la rémunération de ces stages en entreprise ?
Sur le principe, on n’est pas contre. Mais je dirais qu’il y a une grande hypocrisie puisqu’en augmentant la durée de stage, de toute manière, on arrivait à un quota qui fait que les élèves auraient dû toucher des gratifications payées par les autres comme le veut la loi. Sauf que là, ce serait l’État qui paierait et non les entreprises… donc, ce sera l’impôt qui le fera.
Le chef de l’État voudrait aussi supprimer certaines filières pour lesquelles il n’y a plus d’emploi. Est-ce que ça, c’est réalisable et souhaité par les enseignants de lycées professionnels ?
Je dirais qu’en fait, la carte des formations chaque année, nous, on en discute avec la région. Mais là aussi, il y a une certaine hypocrisie. Quand on fait des propositions pour améliorer cette carte de formation, la plupart du temps, la réponse du rectorat qui représente le ministère, c’est de dire oui, mais dans telle formation, on a des places vacantes. Donc souvent, on préfère envoyer les élèves vers les places vacantes plutôt que de créer des formations qui pourraient insérer. Donc il y a un petit peu une hypocrisie dedans. Sinon reparler de la carte des formations, nous, on est tout à fait pour mais vraiment de le faire concrètement.
On parlait de la mobilisation qui a eu lieu à la fin de l’année dernière contre cette réforme. Elle pourrait reprendre dans les prochains jours, dans les prochaines semaines ?
Mais oui, bien sûr, parce qu’en fait, encore une fois, on a été exclu de toute discussion et donc ce sont des mesures qui vont tomber sans que jamais nous n’ayons été concertés. Ni les représentants des personnels, ni les représentants des élèves, ni les représentants des parents n’ont été concertés, ni même les proviseurs. Donc, on sait déjà qu’il va y avoir plein de choses qui seront ratées dans cette réforme.
Pour vous tenir au fait, cet article à propos du thème « Formation Bretagne », vous est fourni par opcalia-bretagne.com. Le but de opcalia-bretagne.com est de parler de Formation Bretagne dans la transparence la plus absolue en vous procurant la connaissance de tout ce qui est en lien avec ce thème sur la toile La chronique se veut générée de la manière la plus complète que possible. Pour toute remarque sur ce sujet concernant le sujet « Formation Bretagne » merci de contacter les contacts indiqués sur notre site internet. Il y a de prévu de multiples articles autour du sujet « Formation Bretagne » prochainement, nous vous invitons à consulter notre site web à plusieurs reprises.