Avec ses quatre départements, les Côtes-d’Armor, le Finistère, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan, la région Bretagne compte 3,4 millions d’habitants, soit 0,5 % de plus qu’en 2015. Cette hausse la place désormais au 5e rang des régions les plus dynamiques d’un point de vue démographique. Sur les quelque 16 700 nouveaux résidents bretons arrivant chaque année, 9 200 s’installent en Ille-et-Vilaine, 4 000 en Morbihan, 2 300 en Finistère et 1 200 en Côtes-d’Armor. Rennes, la capitale, est la plus peuplée : 225 000 habitants, 467 000 en comptant l’agglomération. Elle figure au 11e rang des villes françaises avec une croissance de population de 0,7 % par an (1 620 habitants en plus chaque année en moyenne). Suivent Brest (139 600 habitants), Quimper (63 642 habitants), puis Lorient (57 846 habitants). « Nous avons la particularité d’avoir 28 villes moyennes comme Vitré, Redon, Vannes, Saint-Malo, Ploemeur ou Lannion, qui offrent un tissu économique significatif. J’aime à dire qu’en Bretagne, il y a des habitants partout, prêts à consommer », indique Laurence Fortin, vice-présidente de la Région, en charge de l’économie, des territoires et de l’habitat.
Un avis partagé par Nicolas Louis-Amédée, directeur du développement du cabinet Territoires et Marketing : « Localement, il y a des territoires secondaires intéressants avec des taux d’attractivité commerciale élevés, comme à Saint-Malo, Saint-Brieuc, voire Vannes ou Plouharnel. » Le réseau rennais de burgers Roadside a profité de cette polyvalence territoriale. Maillant progressivement la région, il est aujourd’hui présent dans les quatre départements bretons. En octobre dernier, il a d’ailleurs ouvert son premier Drive à Dinan, un service d’avenir dans les petites communes que l’enseigne entend dupliquer. « Après un développement maîtrisé sur le Grand Ouest, nous sommes aujourd’hui suffisamment solides et structurés pour aborder un développement national, tout en continuant à mailler finement la Bretagne », a déclaré Luc Laurent, fondateur du réseau, en fin d’année dernière.
Rennes, un centre-ville très dynamique
Concernant le détail des villes, Rennes, très attractive d’un point de vue commercial, fait exception dans le paysage breton. La capitale, étudiante et jeune, possède un centre-ville dynamique avec plusieurs zones marchandes. À l’ouest, la place de la Trinité, le mail Mitterrand et les berges de l’Ille-et-Vilaine. Au nord, l’Hôtel-Dieu, les prairies Saint-Martin et le centre commercial La Visitation. Au sud, l’îlot Beaumont, le quartier Colombier avec ses centres commerciaux Colombia et Trois Soleils. Les flux restent concentrés autour d’une poignée d’axes piétonniers dans les rues d’Orléans, d’Estrées, Le Bastard, Motte Fablet et la Visitation qui accueillent la majorité des enseignes nationales : Uniqlo, Zara, Gifi, Galeries Lafayette… Dans le sens nord/sud, ce flux draine 2 700 piétons à l’heure en moyenne. Les flux est/ouest sont dans l’ensemble moins importants et, de manière générale, plus on s’éloigne de l’axe central nord/sud, plus les flux s’amoindrissent. « Il y a cependant beaucoup de rues dites Silver (emplacement 1 bis, voire 2) à Rennes, ce qui offre également une répartition diffuse de l’activité commerciale », note Nicolas Louis-Amédée. D’après une étude réalisée début 2023 par l’agence Audiar, la capitale compte 40 % d’enseignes nationales et continue d’attirer les réseaux. 101CAFFE’, Jeff de Bruges, Cabaïa, Rituals, Starbucks, NOUS Anti-Gaspi ou le Coq Sportif s’y sont implantés en 2023. Deux ouvertures ont particulièrement marqué les esprits : celle de Lidl et de Weldom en septembre dernier, dans le centre commercial de La Visitation. « Il y a encore de la place pour des concepts nouveaux et innovants, notamment dans la restauration pour répondre aux attentes de la population étudiante », indique Rozenn Perrigot, professeur à l’IGR-IAE de Rennes, une des rares formations universitaires dans le secteur de la franchise.
De puissantes zones commerciales en périurbain
Autre métropole, mais à la configuration différente : Brest. La ville de 139 600 habitants rayonne sur une zone de chalandise de 230 000 personnes aux revenus plutôt élevés (5e position du baromètre Territoires et Marketing, derrière Aix-en-Provence, Annecy, Amiens et Angers). Son cœur de ville compte seulement une rue Gold, la rue Jean-Jaurès, qui a la particularité d’être coupée en deux par la ligne de Tramway. Les enseignes traditionnelles – H&M, Fnac, Darjeeling, Burger King, Du Bruit dans la Cuisine, Normal… y ont pignon sur rue. On retrouve la plupart des réseaux en périphérie, dans les zones commerciales du Phare de l’Europe et du Gouesnou, une longue artère commerçante, tirée au nord par un Leclerc et au sud par un Géant Casino. C’est dans ce carrefour névralgique que Popeyes a décidé d’ouvrir l’été dernier son premier restaurant breton. « En réalité, ces deux zones sont en continu et ne font qu’une. À elles seules, elles regroupent plus de 240 réseaux de franchise », note Nicolas Louis-Amédée. Lorient et Quimper, deux villes moyennes du Morbihan et du Finistère, se présentent sur le même schéma : des centres-villes avec quelques tronçons Gold et des zones commerciales en périurbain qui attirent la plupart des réseaux franchisés.
Le bord de mer a de l’avenir
Les petites villes côtières et touristiques – nombreuses dans la région – sont loin d’être sans intérêt en franchise. Au contraire ! Saint-Malo, par exemple, doté d’un cœur de ville médiéval, est plutôt orienté commerces indépendants (souvenirs, produits locaux…) mais sa population, senior, aisée et en augmentation (+6 % dans les dix prochaines années) laisse présager une consommation en hausse. « Il y aura une demande grandissante en termes de services à la personne, voire de magasins spécialisés », note Nicolas Louis-Amédée. Même attractivité pour Vannes. La petite cité, très touristique et universitaire, compte 54 000 habitants, mais rayonne sur un bassin de 200 000 habitants. Son centre-ville, pourvu de zones Gold (autour de la place des Lices et de la rue Hoche), est champion toute catégorie en termes de présence d’enseignes. On y trouve Nature et Découvertes, Godot et Fils, Lissac, Leonidas, Marionnaud, O’Tacos, Petit Bateau, Normal, Sephora… La zone commerciale de Kerlann, à l’ouest de Vannes, n’a rien à envier au centre-ville : 280 enseignes y sont implantées (But, Darty, Noz, Mobalpa, Picard, Feu Vert, Carrefour, Mc Do…). Du côté de Saint-Brieuc, la donne est différente (population en baisse, profil très familial), mais elle offre des opportunités. La commune de 45 000 habitants possède peu d’enseignes ce qui la rend attractive pour les porteurs de projet : des places sont en effet à prendre pour des activités de commerce, de services ou de restauration en franchise.
Des aides à la création pour revitaliser le tissu local
À noter, les communes bretonnes – il y en 1 207– sont aidées et subventionnées par la région grâce au dispositif PASS. « Cette aide vise à renforcer le dynamisme économique des territoires en aidant les créateurs d’entreprise à lancer ou reprendre un commerce. En 2022, 7,3 millions d’euros de subventions ont été distribués à 1 430 entreprises », indique Laurence Fortin, vice-présidente de la Région Bretagne. Les franchisés désireux de s’installer dans des territoires plus reculés, avec des magasins de proximité (type supérettes), peuvent en faire la demande. À la clé, un accompagnement à la création d’entreprise et quelques milliers d’euros de subsides pour financer et installer son projet.
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