On doit l’invention du papier aux Chinois qui, dès le deuxième siècle avant notre ère, inventent un substitut au papyrus et au parchemin. D’abord à partir de bambou, de lin et de paille, ils déploient un procédé qui va rapidement utiliser de l’écorce, du chanvre mais aussi des vieux chiffons et même des filets de pêche. Le processus est simple : on laisse les matières premières se décomposer dans l’eau afin de détendre les fibres, puis elles sont découpées et délissées à la main, avant d’être battues et chauffées pour être mélangées avec de la colle à base de gélatine. Cette pâte obtenue est ensuite pressée avant d’être séchée, permettant ainsi la formation d’une feuille de papier… Au fil des siècles, la recette va s’améliorer et se propager en Asie puis en Orient, et le long de la côte nord de l’Afrique, avant de s’étendre dans le sud de l’Espagne et en Sicile à partir du XIIIe siècle.
« Dès le XIVe siècle, les premiers moulins à papier sont établis dans le sud-ouest de la France, écrit Yann-Ber Kemener, dans un ouvrage consacré au sujet (*). Au XVe siècle, ils se développent dans toutes les directions. […] Les techniques artisanales alors employées, ainsi que la tradition familiale, resteront en vigueur jusque vers les années 1850-60. »
Les premiers moulins bretons
En Bretagne, les premiers moulins à papier apparaissent dès le début du XVe siècle. On en dénombre quatre en fonctionnement au cours de ce siècle. Le plus ancien semble être le moulin de Buzo à Vannes, construit aux alentours des années 1430. Le second, qui date de la même période, se trouve à Vieux-Vy au bord du Couesnon, entre Rennes et Fougères, sur les terres du seigneur d’Orange. Les deux derniers établissements connus s’accroîent à la toute fin du XVe siècle, l’un à Morlaix, l’autre à Bréhan, près de Loudéac. L’installation d’une papeterie dans « cette partie très reculée de la province, dans un pays pauvre, peu peuplé et sans relation avec les centres commerciaux de la Bretagne », peut surprendre de prime abord, reconnaît Yann-Ber Kemener. Pour comprendre, il faut se pencher sur l’identité du propriétaire : Jean II de Rohan, l’un des plus puissants seigneurs bretons. « Ce gentilhomme éclairé, ou tout au moins ami des nouveautés, établit en 1484, près de son château, la première imprimerie qui ait existé en Bretagne, écrit Henri Bourde de la Rogerie dans une étude sur l’industrie papetière en Bretagne, en 1911. Il ne paraît pas téméraire de penser que Jean II de Rohan, qui avait donné un témoignage remarquable de son esprit d’initiative en établissant une imprimerie, compléta son œuvre en fondant le premier moulin à papier qui ait existé dans le Centre-Bretagne. »
Le XVIIIe siècle, l’âge d’or
Malgré ces débuts, l’industrie papetière reste confidentielle tout au long du XVIe siècle. Il faut attendre le siècle suivant pour que cette dernière prospère, sous l’impulsion notamment de maîtres papetiers d’origine normande, qui apportent leur savoir-faire dans la péninsule armoricaine. Il faut dire que ses nombreuses rivières sont propices à l’installation des moulins à papier : « Les eaux non calcaires des cours d’eau permettent de réaliser un papier plus résistant et plus souple qu’ailleurs, poursuit Yann-Ber Kemener. Cependant, certaines eaux limoneuses et rougeâtres sont impropres à toute autre production que celle de papier d’emballage. Celui-ci se fabrique en grande partie au voisinage des ports où il est utilisé pour l’expédition de la marchandise mais aussi exporté en tant que tel.
En revanche, les fabricants de l’intérieur du pays optent plutôt pour un papier blanc de qualité qui servira à l’écriture et l’imprimerie. » La production sert aux différents usages dans la région, mais est également exportée, vers la Hollande, l’Espagne et jusqu’en Amérique. À la fin du XVIIIe siècle, la Bretagne compte près de 70 moulins à papier, concentrés notamment autour de Morlaix, dans le Trégor et le pays de Fougères. Les premiers servent principalement à produire du carton et des papiers d’emballage, tandis que les seconds qui proposent des produits de meilleure facture, sont utilisés notamment pour les actes officiels : les fameux papiers timbrés…
Pour en savoir plus
*« Moulins à papier de Bretagne » de Yann-Ber Kemener, Skol Vreizh, 1989.
« Les moulins à papier de Bretagne du XVIe au XIXe siècle – les papetiers et leurs filigranes en Pays de
Fougères » de Jacques Duval, L’Harmattan, 2006.
« Moulins à papier et familles papetières de Bretagne du XVe siècle à nos jours » de Jean Caroff, éditions du CGF et du Queffleuth, 2015.
Pour vous tenir au fait, cet article à propos du thème « Formation Bretagne », vous est fourni par opcalia-bretagne.com. Le but de opcalia-bretagne.com est de parler de Formation Bretagne dans la transparence la plus absolue en vous procurant la connaissance de tout ce qui est en lien avec ce thème sur la toile La chronique se veut générée de la manière la plus complète que possible. Pour toute remarque sur ce sujet concernant le sujet « Formation Bretagne » merci de contacter les contacts indiqués sur notre site internet. Il y a de prévu de multiples articles autour du sujet « Formation Bretagne » prochainement, nous vous invitons à consulter notre site web à plusieurs reprises.