Une enveloppe record qui frise les 2 milliards d’euros (1, 928), en hausse de 3,6 % par rapport à l’année dernière. C’est le budget 2024 autour duquel les conseillers régionaux de Bretagne débattent depuis ce mercredi, à Rennes, et qu’ils ont fini par voter, ce jeudi soir (40 pour, 34 contre, 9 abstentions). Avec quatre piliers principaux : les transports avec le réseau de TER, cars et bateaux Breizh Go (420 M€), les lycées (297 M€), la formation et l’orientation (223 M€) et le développement des entreprises et l’innovation (230 M€).

Un moment démocratique important dans la vie de la collectivité qui fait figure, depuis l’élection de son président divers-gauche Loïg Chesnais-Girard en 2021, d’un numéro d’équilibrisme. Majorité relative oblige. Car pour le faire passer il lui faut, a minima, quelques abstentionnistes.

L’an passé, c’est justement grâce à l’abstention des macronistes (« Nous la Bretagne »), et de son chef de file Bernard Marboeuf, que LCG – les initiales du président – avait pu faire passer le budget. Une situation qui s’est reproduite cette année, Marboeuf soulignant notamment des avancées sur la question des mobilités. Tout en expliquant cette abstention salvatrice pour la majorité : «Nous sommes contre le chaos, nous sommes pour l’avenir de la Bretagne. »

Stratégie de Chesnais-Girard à moitié payante

Il faut dire que le président de Région travaille au corps depuis déjà plusieurs semaines certains des groupes d’opposition. Pas celui de l’écologiste Claire Desmares, qui n’a pas manqué une occasion pendant cette session de pilonner la politique de la majorité de gauche, en particulier sur les questions agricoles, et qui a donc voté contre. Mais bien les macronistes de « Nous la Bretagne », le Groupe Écologistes (Ronan Pichon) et les autonomistes de Breizh a-gleiz (Aziliz Gouez/Gaël Briand). En leur offrant la possibilité d’amender – avec le blanc-seing de la majorité – plusieurs programmes du budget. Car en amour, il faut aussi savoir apporter des preuves.

Une stratégie qui n’a toutefois pas atteint tous ses objectifs. Car si le groupe de Marboeuf s’est abstenu, assurant l’adoption du budget, Breizh a-gleiz, lui, a voté contre, déçu que sa question fétiche – l’autonomie – n’ait pas eu sa place dans le budget. Sans parler d’une attente d’inflexions sur les questions agricole et industrielle avec plus d’équilibres territoriaux et environnementaux. Même sentence pour le groupe écologiste de Ronan Pichon qui, s’il voit des mouvements positifs sur les questions agricoles, estime que la collectivité manque de moyens pour accélérer dans ce domaine.

Manque d’agilité

À droite, Stéphane de Sallier-Dupin y voit surtout un manque d’agilité et d’adaptation aux réalités de terrain. « Votre budget n’est pas un budget de gros temps », décrit le conseiller régional de Lamballe, pour le groupe Hissons haut la Bretagne, qui vote contre. Tout comme le Rassemblement national voyant, par l’intermédiaire de son chef de file Gilles Pennelle, un budget « contraint » qui aurait pu simplement être appliqué par le préfet. « Le vote du budget est un simple acte administratif. » Ce en quoi Stéphane Perrin-Sarzier lui a rétorqué qu’une telle perspective devrait pourtant le satisfaire. « Vous avez dit que le préfet pourrait appliquer le budget. Mais c’est votre projet M. Pennelle. Votre programme, c’est quand même la suppression de l’échelon régional. C’est votre projet, et bien gardez-le ! »