« L’Europe est partout sans que les gens le sachent ». En posant cette assertion, Forough Dadkhah, conseillère régionale (en charge de l’emploi, la formation et l’orientation) et élue quimpéroise, sait bien qu’elle produit un lieu commun. Qui n’en reste pas moins une réalité, témoignant sans doute d’une méconnaissance, où nous baignons à peu près tous, du fonctionnement de l’institution dans ses principes, méthodes et actions. Là pourrait d’ailleurs se trouver la désaffection – des Français en général, des Quimpérois en particulier (*) – pour un scrutin dont le prochain rendez-vous est fixé au 9 juin 2024.

Saisir l’Europe par le fonds

Pourtant, l’action de cette Europe se matérialise aussi de façon très concrète sur un territoire comme celui de l’agglomération de Quimper. La politique arrêtée par les députés européens est principalement mise en œuvre par l’attribution de subventions très identifiées, distribuées selon un « cahier des charges », par l’intermédiaire de différents interlocuteurs territoriaux exclusifs.

Entre 2014 et 2022, Quimper Bretagne Occidentale (101 287 habitants en 2020) a pu bénéficier de 20 M€ de fonds européens (200 €/habitant) à travers trois des canaux ouverts sur le territoire (Feder, Fedear-programmes Leader et Fonds de relance).

Fonds à gestion localement partagée

Quimper a ainsi pu réaliser la rénovation de l’école élémentaire publique de Kervilien pour un montant de 2,01 M€ (HT) subventionnée à 75 % par l’Europe. Et surtout la rénovation thermique d’une partie de l’IUT : un investissement de 7 M€ que ni l’université ni la collectivité ni l’État n’aurait assumé.

100 % des 58 M€ du Fonds social européen à la formation

Sur un autre canal budgétaire, mais tout aussi concret dans notre quotidien de citoyen, l’Europe va injecter en Bretagne 163 M€ au titre du Fonds social pour la période 2021-27. 105 M€ gérés par l’État et 58 par le conseil régional (-2 M€ par rapport à l’enveloppe précédente). Région qui continue à « consacrer 100 % de ce budget à la formation ». Ce qui permet, par exemple, le financement complet de certaines formations en alternance à des métiers en tension sur le territoire.

Actions invisibles mais directes

L’action de l’Europe sur les territoires se fait aussi sous la forme de budgets qu’elle gère directement. À travers le programme « Life », par exemple, dédié à la protection de l’environnement, l’économie circulaire ou la biodiversité (3,5 milliards d’euros sur la période 2017-21 en Europe).

Troisième axe, les financements en gestion indirecte dédiés à l’aide humanitaire, les actions dans le domaine numérique (chaîne d’approvisionnement et cybersécurité). Les projets de coopération entre différents partenaires d’États membres de l’Union européenne nommés Intereg sont également dans cet axe.

Deux exemples. Dans le secteur privé : la société quimpéroise Secma, spécialisée dans la construction d’équipements et machines pour l’industrie agroalimentaire, s’est vu attribuer près de 25 000 € (sur 56 700 € d’investissement) pour la mise en place d’un outil numérique, un logiciel de planification des ressources humaines et du matériel.

La Banque alimentaire du Finistère (antennes de Brest et Quimper) a perçu, en 2023, 1 241 t de denrées alimentaires équivalant à 548 519 € (-22 % par rapport à 2022).

Maison de la Bretagne : un lien opérationnel

« Il faut une stratégie financière permettant d’obtenir les aides de l’Europe et libérant l’investissement sur fonds propres de QBO, insiste Forough Dadkhah. Ce qui nous permet de nous engager ici sur des projets qui ne bénéficieront pas de fonds européens ». Dans cet ordre d’idée, celle qui est aussi conseillère régionale souligne toute l’importance de la Maison de Bretagne installée à Bruxelles. « Une équipe qui connaît parfaitement les directives européennes et qui peut mettre les acteurs locaux en relation avec les parlementaires ».