Il était charpentier métallique, installé à Nîmes (30). À 50 ans, Patrice Auphan a mis les voiles pour rejoindre la formation au certificat de qualification professionnelle en maintenance des industries et services nautiques dispensée par l’Institut nautique de Bretagne (INB). Un virage en forme de diagonale géographique qui l’a conduit, en septembre 2023, sur le plateau technique de l’INB, à Port-La-Forêt, pour suivre 840 heures de cours pratiques et 210 heures de stages dans deux entreprises voisines.

Le quinqua gardois vient à peine de boucler sa formation, qu’il est déjà embauché. Mais la (très) pluvieuse météo de cet hiver ayant eu raison de son coup de cœur pour la Bretagne, l’Occitan signera son premier contrat de travail sur l’île de Ré (17). « Sur les quinze candidatures que j’ai formulées, sept ont débouché sur des entretiens. En plus, cinq autres demandes m’ont été spontanément proposées, dès que je me suis rendu visible sur le web », commente-t-il avec satisfaction.

Réponse au besoin du marché de l’emploi

Un accès au marché qui ne relève ni du coup de chance ni de l’exception : « Au moment où je vous parle, environ 1 500 postes de technicien en maintenance nautique sont à pourvoir partout en France », assure Laurent Winisky, directeur de l’INB. « Et nous savons qu’à peu près 20 % de ces techniciens actuellement en activité vont partir à la retraite dans les années qui viennent ».

Un vrai enjeu pour la Bretagne et son réseau de ports de plaisance. « Nous dénombrons 1 600 entreprises bretonnes dans ce secteur d’activité », complète Forough Dadkhah, vice-présidente du conseil régional en charge de l’emploi, la formation et de l’orientation. Raison pour lesquelles la Région s’est engagée dans le financement de cette première promo de douze techniciens en maintenance nautique – 140 K€ d’investissement de la collectivité (*) -, dans le cadre d’un dispositif dédié à des gens à la recherche d’un emploi. « Les besoins sur le marché sont très clairement identifiés. C’est pourquoi la Région mise sur la formation qualifiante ».

Polyvalence

« J’ai commencé par une formation de mécanicien nautique. J’ai basculé sur la formation de technicien en maintenance parce qu’au cours de mes stages en entreprise, j’ai découvert que j’aimais toucher à tout. Je savais que la formation correspondante existait », témoigne Oscar Devillers, 20 ans. Travail des matériaux composite, électricité, électronique de bord, accastillage, gréement ou maintenance générale…

« La formation apprend à voir le chantier dans sa globalité, à faire des diagnostics et des devis, mais aussi à connaître les solutions et les fournisseurs », souligne Jean Baptiste Rouillac, coordinateur de la formation au sein de l’INB, qui en dispense une trentaine au total. « Nous cherchons à développer une polyvalence permettant une spécialisation ultérieure, au fil des expériences », ajoute Thomas Boisroux, l’un des formateurs. À preuve, les stagiaires sont aussi amarinés par des temps de navigation et passent aussi leur permis côtier.

La prochaine session de formation accompagnée par la Région sera ouverte à quatorze candidats à partir de septembre 2024.

* La préparation du certificat de qualification professionnelle en maintenance des industries et services nautiques est facturée 11 000 € par candidat, pris en charge par la Région, qui puise à hauteur de 60 % dans le Fonds social européen. FSE dont le montant total attribué à la Bretagne s’élève à 60 M€ pour la période 2021-27.