Des normes environnementales nécessaires… mais inefficaces
Nous souhaitons, d’abord, affirmer notre compréhension des revendications d’ordre économique et social portées par les agriculteurs, syndiqués ou non, ces dernières semaines. Il est inadmissible que, collectivement, nous acceptions une aussi faible reconnaissance du travail fourni dans les fermes. Cette reconnaissance passe, bien évidemment, par une juste rémunération, au-delà des profondes inégalités, qui existent entre les différents types de production.
Elle passe également par un refus des injonctions contradictoires auxquelles doivent faire face les agriculteurs. D’un côté, être le plus productif possible dans un contexte de libre échange où la compétitivité est le maître mot ; De l’autre respecter, à juste titre, des exigences environnementales alors que leurs concurrents internationaux ne sont pas soumis aux mêmes règles. Ce constat est particulièrement vrai en Bretagne, la région assurant une majorité de la production française de viande porcine, de volaille de chair et de lait qui sont des produits particulièrement concernés par l’export.
En tant qu’association de protection de la nature et au vu des nombreux problèmes environnementaux et sanitaires que posent certaines pratiques agricoles (usage des pesticides de synthèse, homogénéisation des cultures, arasement des haies…), nous ne pouvons que constater que ces enjeux ne sont pas suffisamment pris en compte dans les politiques européennes ou nationales. Si les normes sont justifiées pour accompagner des pratiques plus vertueuses, nous constatons l’inefficacité de leur mise en œuvre face au déclin de la biodiversité, un phénomène désormais largement documenté.
Ainsi, au vu des interactions fondamentales entre biodiversité et production agricole, opposer les deux est une aberration à laquelle nous ne pouvons souscrire. Loin des caricatures, nous appelons aujourd’hui à une mobilisation de tous les acteurs en faveur d’une agro écologie à vocation véritablement nourricière.
Des engagements individuels pour des solutions collectives
Pour rappel, en France, 36% des oiseaux communs des espaces agricoles et 80% des insectes ont disparu en 30 ans. En Bretagne, la prolifération des algues vertes n’est toujours pas enrayée, tandis que, chaque année, la qualité de l’air enregistre des taux de pollution à l’ammoniac importante. Sans changement fort des pratiques agricoles, c’est un véritable effondrement des écosystèmes qui se profile. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cet état des lieux et il est temps de reconnaitre collectivement la responsabilité, non pas des agriculteurs en tant qu’individus contraints par le marché, mais du système agro-industriel en tant que tel. Cet état de fait signifie que les solutions doivent elles aussi être envisagées de manière collective. Nous ne pourrons pas changer les pratiques sans l’ensemble des acteurs impliqués. Nous savons qu’individuellement, tous sont conscients des dégâts fait à la nature, que beaucoup souhaitent y trouver des solutions et que certains tentent déjà d’y remédier à leur échelle. Sur la base des constats partagés, il s’agit donc, pour la LPO Bretagne, d’accompagner les bonnes volontés qui souhaitent réellement s’engager.
Au côté des agriculteurs
Par conséquent, nous tenons à réaffirmer que l’agriculture, comme l’ensemble de la filière agricole ne peut s’extraire des écosystèmes qui fondent justement la résilience et la richesse d’une agriculture ancrée sur son territoire, autonome et économe en intrant. Ainsi, la viabilité des fermes et la capacité demain à répondre aux défis d’une alimentation saine, durable et accessible doit passer par une meilleure prise en compte du vivant.
Dès lors, certains se trompent de cibles en mettant en pause le plan écophyto ou en visant l’Office Français de la Biodiversité (un service public manquant de moyen et cherchant à accompagner plus qu’à verbaliser). Ce n’est pas ainsi que la situation économique des fermes va s’améliorer. Au contraire, les charges liées aux intrants, notamment de synthèse, risquent fort de continuer à augmenter (+25% en 2022) avec le risque de mettre en difficulté encore de nombreuses fermes.
Nous avons besoin, pour régénérer la biodiversité sur les espaces agricoles, de fermes diversifiées, plus autonomes, économes en intrants, aux surfaces raisonnables avec, entre autre chose, des haies, des talus, des zones humides, des prairies permanentes, des semences de variétés anciennes et des animaux en pâture. En effet, le modèle ultra-productiviste, reposant sur des exploitations compétitives toujours plus grosses, spécialisées et consommatrices de produits phytosanitaires, a aujourd’hui démontré son incapacité à respecter le vivant dans son ensemble. En témoignent l’appauvrissement des sols et de leur vie, la disparation des haies, des prairies naturelles, des mares, des chemins creux et de tous ces habitats essentiels aux espèces vivants sur les fermes et donc à des systèmes agronomiques résilients et nourriciers.
Pour autant, ce n’est pas une fatalité ! Pour accompagner l’indispensable transition agro-écologique, la LPO Bretagne est déjà sur le terrain. A travers le réseau Paysans de nature, nous accompagnons avec d’autres structures environnementales et agricoles des fermes engagées qui ont démontré leur capacité à concilier système agricole et préservation de la biodiversité. Nous continuerons également à soutenir l’agriculture biologique qui est une part centrale de la solution et qui doit être davantage soutenue par les pouvoirs publics (notamment quand les consommateurs, en période d’inflation, s’en détournent).
Mais la LPO Bretagne souhaite aussi accompagner les agriculteurs et filières dans leur ensemble, dès lors qu’elles s’inscrivent dans une démarche de progrès réelle. Bien sûr, ce changement doit être planifié et gradué dans le temps. Mais il doit s’amorcer maintenant. La LPO Bretagne est ainsi prête à travailler sur les infrastructures agro-écologiques des fermes tout en en s’associant à des démarches de réduction des produits phytosanitaires massive ; en soutenant des créations de filières vertueuses ; en participant aux réflexions collectives sur la rémunération des services environnementaux rendus par les pratiques agricoles favorables… Les normes seules ne permettront pas de valider cet engagement des producteurs et des filières, encore moins quand elles sont perçues comme des obstacles à lever. Il nous faut, en premier lieu, de l’intelligence collective autour d’un objectif commun : préserver les écosystèmes qui permettent au vivant, humains compris, de s’épanouir.
Avec les citoyens consommateurs
De même, nous ne pouvons pas demander aux consommateurs de supporter seuls la charge d’acheter des produits engagés pour l’environnement et, très souvent, plus chers. Si nous sommes conscients que notre acte de consommation a des conséquences directes sur les choix de production, ce n’est pas là le seul levier à mobiliser. Il revient également aux pouvoirs publics d’apporter une partie des réponses financières : déjà en assurant des revenus certains aux fermes qui ont des pratiques agricoles durables à travers une refondation du système d’aide mais aussi en faisant respecter les règles qui ont été fixées collectivement, à commencer par la loi EGALIM.
C’est l’ensemble du système qui est à revoir. De la formation de nos agriculteurs jusqu’à la commercialisation des produits issus de leur travail afin que les marges des acteurs privés se réduisent au profit de la rémunération des pratiques agricoles qui contribuent à préserver la biodiversité. C’est en fédérant l’ensemble des acteurs publics et privés autour d’une volonté réelle et concrète de transition agro écologique que nous pourrons y arriver.
Pour cela, nous devons mettre en place des dynamiques territoriales permettant de relocaliser les enjeux. Il faut permettre aux usagers des territoires – professionnels agricoles, citoyens consommateurs, associations naturalistes, responsables politiques, acteurs de la recherche, entreprises privés… – de se rencontrer, en rouvrant les fermes à la société. L’enjeu est de produire une nourriture de proximité, par des agriculteurs qui prendront soin du vivant sous toutes ses formes tout en étant identifiés et respectés pour cela afin que nous puissions tous bénéficier d’une alimentation de qualité dans nos maisons et nos cantines, sans détruire notre nature et la vie sauvage qui la façonne.
La profession agricole a su relever de nombreux défis par le passé, nous pensons à nouveau qu’elle peut, dès aujourd’hui, s’engager dans la voie de la transformation agro-écologique avec la même détermination. La LPO Bretagne est prête à prendre sa part.
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