L’Association pour la reconnaissance des vins bretons (ARVB) grandit à vue d’œil. Et ses adhérents comptent bien faire du vin en Bretagne une réalité crédible.
Il est 9 heures du matin, un samedi de novembre 2023. Le petit bourg de Dompierre-du-Chemin, à Luitré-Dompierre, près de Fougères (Ille-et-Vilaine), connait une drôle d’effervescence.
L’Association pour la reconnaissance des vins bretons (ARVB) a choisi la commune pour tenir son assemblée générale. Plus d’une centaine de personnes, venues de toute la Bretagne et même de plus loin, se retrouvent pour la journée.
Des profils variés
Avant toute chose, exit les clichés : il y a autant de femmes que d’hommes dans la salle, voire plus.
Mais qu’importent les profils, tous sont là car ils croient en l’avenir du vin en Bretagne.
Parmi eux, des viticulteurs de la première heure, mais aussi des porteurs de projet, qui préparent la création d’une vigne.
Des techniques précises
Au programme de la journée, un bilan de l’année passée, un point sur les projets, une dégustation, un repas… Et une intervention très attendue.
Robin Euvrard, agronome à la tête d’un domaine viticole bio dans le Muscadet, vient animer un échange sur les maladies de la vigne.
Les questions et témoignages fusent. « Pourrais-tu nous conseiller des alternatives à la bouillie bordelaise, pour lutter contre le mildiou ? », lance un adhérent.
« Penses-tu que je peux augmenter l’espacement entre mes pieds de vigne pour qu’elles soient plus productives ? », demande un autre.
« J’ai un pied vieux de 60 ans, du cépage othello (interdit pour un usage commercial dans les années 1930, NDLR), qui produit pourtant bien plus que les variétés traditionnelles. Quel est ton point de vue sur le sujet ? »
Le tutoiement est de mise. Ici, on est entre amateurs et on est là pour s’épauler. Les conseils de Robin Euvrard sont notés précieusement. Ils permettront d’améliorer la qualité des cuvées à venir.
Des amateurs qui tâtonnent
Car ces viticulteurs-vignerons s’accordent tous pour dire qu’ils « tâtonnent ». Et même ceux qui n’en sont pas à leur premier millésime cherchent à se perfectionner.
C’est là toute la beauté de cette association. Elle est constituée de passionnés qui ont le même objectif : produire eux-mêmes du vin sur une terre pourtant peu réputée pour ses coteaux.
Tout a commencé en 2007, avec la création de l’ARVB pour « défendre quelques amateurs bretons qui avaient planté de la vigne chez eux », raconte Yves Abautret, secrétaire de l’association.
La loi l’interdisait alors (voir encadré ci-dessous). L’ARVB débute son combat et le remporte : en 2016, l’Union européenne contraint la France à autoriser la production de vin en Bretagne.
Une histoire en pointillés
On produit du vin en Bretagne depuis bien longtemps. Les Romains y avaient déjà des vignes au IIIe siècle, c’est dire.
Mais au XVIIe siècle, une succession de crises décime le vignoble breton. Il est remplacé par des vergers de pommiers, pour la fabrication du cidre. Quelques viticulteurs subsistent, mais une loi est promulguée dans les années 1930, interdisant la production de vin dans les régions non viticoles de France (Bretagne, Normandie, etc.).
Il faut attendre 2016 pour qu’elle soit abrogée. Depuis, les vignes, en amateur ou professionnelles, se multiplient dans la région des menhirs.
Douanes de Nantes
Depuis lors, il suffit de déposer un dossier aux douanes de Nantes pour pouvoir produire du vin dans la région. Seule limite : ne pas dépasser 1 000 m² pour les vignobles amateurs.
Quant aux vignobles professionnels, ils ont leur propre association depuis 2021 : l’Association des vignerons bretons (AVB). Fin octobre 2023, ils étaient 34, en activité ou en projet (voir carte ci-dessous).
Et six d’entre eux ont déjà produit du vin cette année. Ils sont installés dans le Morbihan (Merléac, Quiberon, Sarzeau, Theix-Noyalo), en Ille-et-Vilaine (Saint-Jouan-des-Guérets) et dans les Côtes-d’Armor (Plouguiel).
Mais association spécifique ne veut pas dire séparation avec l’ARVB. « L’expérience de nos vignerons amateurs est précieuse pour eux. Elle leur permet de choisir des orientations et leur évite de commettre certaines erreurs », souligne Yves Abautret.
Former les viticulteurs de demain
Face à l’émergence de la vigne en Bretagne, il a bien fallu créer une formation locale. C’est le pari qu’a choisi le lycée agricole Kerplouz La Salle, à Auray (Morbihan).
En 2021, l’établissement a lancé sa filière viticole. Une première en Bretagne (administrative). Il s’est pour cela adjoint les services d’Aurélien Berthou, œnologue et viticulteur installé à quelques encablures du lycée. Celui-ci est désormais le coordinateur de la filière, qui offre deux possibilités.
La première, le BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole) orientation viticulture, permet aux étudiants, à l’aide d’un apprentissage (ou de stages pour les plus de 30 ans), de pouvoir s’installer comme viticulteurs.
La seconde est un BPA (Brevet professionnel agricole) « travaux de la vigne et du vin ». Il forme de futurs ouvriers agricoles dans ce domaine, qui pourront ensuite rejoindre des exploitations.
Ces formations rencontrent un grand succès. « Dès la première année, nous avons eu 35 candidats », témoigne Patricia Seraine, directrice adjointe à l’apprentissage et à la formation continue.
La nouvelle promotion, qui vient de débuter son année le 20 novembre, est constituée de 11 apprentis et stagiaires. Avec leurs camarades des deux années précédentes et avec ceux des années futures, ils constitueront probablement la majeure partie des viticulteurs bretons de demain.
Une spécialiste précieuse
D’ailleurs, en termes de conseils, l’ARVB compte dans ses rangs une spécialiste précieuse. Valérie Bonnardot est enseignante-chercheuse en géographie à Rennes 2, spécialisée dans la climatologie appliquée à la viticulture.
C’est elle qui constitue un réseau de stations météo dans les vignobles, afin d’accompagner le développement de la vigne en Bretagne.
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Ce samedi, à Dompierre, elle est prise d’assaut. Ses constatations et conseils sont très demandés. Alors elle les prodigue, autour d’un verre de vin, lors de la dégustation des nouvelles cuvées des adhérents.
À côté d’elle, tout le monde discute, partage ses réussites et ses échecs, s’extasie au goût du vin. Les sourires sont francs et le plaisir, assumé. Bref. L’association fleure bon le terroir. Et promet un avenir radieux au vin breton.
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