Lorsque Daniel Lafranche, directeur général de Talendi (ex-Ateliers de Bretagne) reçoit des visiteurs, ils lui demandent souvent « Où sont les personnes handicapées ? » « En entreprise, on ne les voit pas, en effet. Elles sont exactement comme tous les autres salariés », s’amuse-t-il. La parfaite intégration de ces travailleurs en situation de handicap , moteur comme mental, ne doit rien au hasard. Elle est le fuit du long processus de préparation mené par Talendi, qui emploie 550 personnes au total, dont 420 handicapées.

Avec Pôle Emploi et Cap Emploi, le sous-traitant, industriel notamment, a développé tout un process pour accueillir les nouveaux arrivants, analyser leurs « aptitudes naturelles », puis organiser une montée en compétences progressive. « Il s’agit d’abord de remobiliser ces personnes aux parcours souvent difficiles, de leur redonner confiance par rapport à leurs capacités », poursuit Daniel Lafranche. L’objectif final étant bien sûr de maintenir l’employabilité de ces salariés grâce à la mise en place de formations ad hoc dans les spécialités historiques de Talendi, l’usinage, le câblage, ou la soudure, mais aussi dans de nouveaux secteurs, le digital par exemple.

En entreprise, on ne voit pas les personnes handicapées. Elles sont exactement comme tous les autres salariés.

Daniel Lafranche, directeur général de Talendi

Grâce à cette stratégie, l’école interne (l’école « Métiers ») s’est vue décerner, en juin 2019, un trophée « Lumière » qui récompense les acteurs innovants en matière d’inclusion de travailleurs handicapés. En outre, Talendi a également adopté un mode de management collaboratif, permettant à tous de participer à l’amélioration des postes, des conditions de travail, « et des performances de son secteur », selon le dirigeant.

Formation et numérique

Car même si elle demeure une entreprise de travail adapté, la société, dont le siège est basé à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, au sud de Rennes, n’en oublie pas pour autant les fondamentaux économiques. « Notre volonté est de répondre aux nouveaux besoins des donneurs d’ordres, de participer à leur performance, tout en veillant à l’équilibre économique de notre structure », insiste Daniel Lafranche.

Cette stratégie a conduit l’entreprise à diversifier ses activités. Longtemps centrée sur l’industrie automobile, elle a progressivement élargi son périmètre à d’autres secteurs comme le machinisme agricole, l’aéronautique ou le ferroviaire. Elle explore désormais celui des mobilités au travers de la maintenance de trottinettes ou de vélos électriques. Récemment, Talendi a même lancé une formation (d’une durée de huit mois) en couture, espérant ainsi profiter du mouvement de relocalisation dans la filière. Un pari déjà gagnant, la marque de vêtements marins Royal Mer ayant choisi de lui confier des volumes.

Dernier axe de cette politique : le développement d’un pôle « numérique », spécialisé dans la reprographie ou le traitement de documents dématérialisés, tels que des factures ou des contraventions par exemple. Cette stratégie « finalement très proche de celle d’une entreprise classique », selon le dirigeant, a permis à Talendi de réaliser 15 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels. « Et donc d’être considéré comme une ETI », note Daniel Lafranche. En France, sur les 800 acteurs du travail adapté en France, seuls six ont atteint cette taille.