Quand son amie Laure lui a proposé de participer à un stage de voile embarqué exclusivement féminin, Claire n’y a pas vu d’objections : « La non-mixité, je n’en pensais pas grand-chose. Personnellement, ce n’était pas une envie particulière… J’y suis allée les yeux fermés et les mains dans les poches. »
À Concarneau (29), la jeune femme embarque aux côtés de cinq autres stagiaires à bord d’un voilier siglé du logo de l’école de voile des Glénans. La première journée est consacrée aux rudiments, de la maîtrise de la barre aux nœuds marins, en passant par la lecture de la carte marine. Puis vient le moment de rentrer au port : « Faute de place, nous avons dû nous amarrer à un autre bateau de l’école, du même niveau mais mixte. Alors qu’elle faisait sa manœuvre, un stagiaire s’est permis de reprendre sa monitrice parce qu’il estimait qu’elle ne s’y prenait pas correctement… C’est là que j’ai saisi l’intérêt du stage 100 % féminin : il ne s’agissait que du premier jour mais déjà, nous avions un exemple de sexisme ! »
Plus nous grimpons dans les niveaux et plus nous perdons le public féminin. In fine, elles ne sont que 15 % à aller jusqu’aux stages certifiants.
Nous sommes en septembre 2022. À l’époque, sans le savoir, Claire et son amie Laure participent au premier stage de voile non-mixte organisé par les Glénans. Premier centre d’apprentissage de la voile en Europe, c’est suite à un constat accablant que l’école a décidé de lancer ce nouveau type de formation : « En ce qui concerne les stages de niveau débutant, Les Glénans atteignent quasiment la parité avec 40 % de femmes et 60 % d’hommes. Malheureusement, plus nous grimpons dans les niveaux et plus nous perdons le public féminin. In fine, elles ne sont que 15 % à aller jusqu’aux stages certifiants », déplore Raphaëlle Ugé. Formatrice aux Glénans, elle fait partie des salariés de l’école à avoir soutenu le projet : « On s’est interrogés sur l’origine du problème. Au-delà des raisons économiques, plusieurs témoignages allaient dans le sens d’une culture sexiste à l’œuvre sur les bateaux et en dehors… C’est comme ça que l’idée de créer des stages 100 % féminins s’est imposée. »
Acteur emblématique du paysage nautique français, l’école des Glénans est loin d’être la seule structure touchée par le sexisme. En 2019, dans le sillage du mouvement MeToo, de nombreuses femmes ont dénoncé les violences sexistes et sexuelles subies dans la marine marchande, en école de voile, dans la pêche ainsi que dans la plaisance. Quatre ans plus tard, si des progrès ont été réalisés, force est de constater que le problème est loin d’être réglé : « Les réflexions du type » Les femmes, ça porte la poisse à bord « , ça arrive encore souvent sur les pontons », témoigne Fanny, monitrice de voile aux Glénans. « Le monde de la voile en particulier, parce qu’il est technique, est encore très masculin. Au moment de réaliser certaines manœuvres, il est parfois difficile de s’imposer face à des hommes, d’autant qu’ils sont souvent plus âgés… Ce n’est pas évident de se sentir légitime. »
Les mecs, ils ont tendance à être sûrs d’eux, à facilement prendre l’avantage alors que nous, les femmes, on a tendance à se mettre en retrait… Si le stage n’avait pas été 100 % féminin, je ne suis pas sûre que je l’aurais aussi bien vécu.
Lancés il y a moins d’un an, les stages non-mixtes des Glénans séduisent. Qu’elles y soient allées par hasard ou pour neutraliser certaines appréhensions, les stagiaires sont unanimes : « À refaire, je continuerais les stages en non-mixité, affirme Raffaella. À aucun moment je n’ai été freinée par des remarques : au contraire, nous nous sommes toutes entraidées… C’était une belle expérience de sororité ! » Un point de vue partagé par Paola, l’une de ses compagnes de bord : « Les mecs, ils ont tendance à être sûrs d’eux, à facilement prendre l’avantage alors que nous, les femmes, on a tendance à se mettre en retrait… Si le stage n’avait pas été 100 % féminin, je ne suis pas sûre que je l’aurais aussi bien vécu. »
Mais ces retours dithyrambiques n’empêchent pas certaines critiques : « Certains pensent qu’il s’agit d’un retour en arrière. Mais la non-mixité, ça existe déjà : prenez certains bars ou salles de sport !, s’insurge Fanny. Dans ces cas-là, on ne parle pas d’espaces non-mixtes mais, pourtant, il s’agit bien de cela. En tant que femmes, nous avons le droit de nous réapproprier ces lieux. Et ce n’est pas aux hommes de nous dire si nous sommes en droit de le faire ou non. »
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