« 2023 est une année record sur plusieurs points », se réjouit David Hémery. Chargé d’études au sein de Bretagne Vivante et coordinateur régional du suivi du gravelot à collier interrompu, le responsable ne masque pas sa satisfaction. L’an passé, 249 couples de cette espèce limicole en danger d’extinction ont été recensés dans la région, contre 225 en 2022. « Dans les années 2010, nous étions à peine à 200 couples. L’augmentation est donc faible mais bien là », souligne David Hémery.

Autre motif de satisfaction : l’indice du nombre de jeunes à l’envol par couple qui affiche d’excellents résultats. « Ce chiffre indique le succès des reproductions. En 2023, il était de 0,97 alors que la moyenne était de 0,6 sur ces dix dernières années », rapporte le responsable. « En sachant qu’il faut être à 0,83 pour avoir une population stable », poursuit le membre de Bretagne Vivante.

La stratégie payante des œufs en cage

Un succès qui s’explique par « un changement de stratégie pour protéger les pontes », informe David Hémery. Celui-ci rappelle que le gravelot à collier interrompu est, malgré lui, « le roi de l’échec », avec 80 % de ses pontes qui échouent. Les œufs, de la même couleur que le sable et situés à même le sol, sont en effet vulnérables à toute perturbation. Submersion marine, prédateurs, activités humaines… « Avec tout ça, l’omelette est vite faite », sourit le coordinateur.

Ainsi, les membres de Bretagne Vivante ont positionné, l’an passé, des cages anti-prédateurs sur plusieurs sites bretons identifiés. « Sur 360 nids recensés, la moitié a été placée sous cage », précise David Hémery. Et le résultat est sans appel : les éclosions ont bondi de 70 %, contre 40 à 45 % auparavant. « Avant, des enclos étaient positionnés mais les corvidés ont rapidement appris à les contourner pour se nourrir dans les nids », précise le responsable, qui avait notamment effectué un premier test à Trégunc (29) en 2022, en partenariat avec la municipalité.

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Un équilibre toujours fragile

Si la nouvelle est réjouissante, le combat pour la préservation du gravelot est encore loin d’être gagné. « Il faudra surveiller ces chiffres sur le long terme. On reste prudent car l’équilibre est fragile », tempère le chargé d’études. Depuis des années, Bretagne Vivante multiplie les actions de prévention auprès du grand public. « Nous sensibilisons les gens pour qu’ils prennent conscience de ce qu’est une plage. Le gravelot reste une porte d’entrée pour éduquer à la nature », dit David Hémery, qui s’appuie notamment sur de nombreux services civiques pour porter ces missions.

Au-delà de l’installation de panneaux de sensibilisation, plusieurs conseils sont préconisés aux promeneurs : respecter la réglementation des plages en tenant son chien en laisse, en ramassant ses déchets ou en gardant ses distances avec la faune. Les naturalistes se rapprochent aussi des collectivités pour leur demander de ne pas nettoyer la laisse de la mer, élément essentiel pour la formation des dunes et la lutte contre l’érosion.

Une campagne nationale

Depuis le jeudi 11 avril 2024 et en ce début de printemps, le Conservatoire du littoral, l’Office français de la biodiversité, l’Office national des forêts, la LPO et Rivages de France se mobilisent également avec la 5e édition de l’opération « Attention, on marche sur des œufs ! ». Une campagne nationale, lancée sur l’ensemble du littoral français, qui appelle à la vigilance des promeneurs sur les plages.