Alignées dans une prairie de Rosporden (29), les ruches pédagogiques de l’Abeille finistérienne ne craignent rien du frelon asiatique en ce début de printemps. Enfumoir en main, l’apiculteur référent de l’association soulève délicatement un premier couvercle dans le cadre d’une formation à l’inspection de printemps. « En dessous de 12 degrés, les fondatrices ne sortent pas », explique Norbert Bourgeois, vêtu de sa tenue de protection. Il va falloir attendre deux à trois journées à suivre au-dessus de 15 degrés pour que la menace du frelon à pattes jaunes pointe le bout de son dard, cette année, à la pointe bretonne.

Réunis le temps d’une formation de quelques heures organisée, ce samedi 6 avril, par l’association bretonne, la quinzaine d’apiculteurs de loisir ont la menace à l’esprit.

Venu parfaire ses connaissances, Alain Stéphan se prépare d’ailleurs à protéger ses ruches. « Je viens d’acheter trois pièges, je vais les mettre en place ce week-end », confie le Bigouden confronté l’été dernier à des attaques sur ses abeilles. « C’était en août. Je pensais y avoir échappé mais j’en attrapais une dizaine par jour à la raquette électrique. Le nid était dans la cime d’un arbre, à 2 km de là. »

Il était bien trop tard pour installer des pièges que le nouveau plan de lutte national entend réserver aux vols des fondatrices, au printemps, afin de limiter les nouveaux nids. Les pièges à frelon, les collectivités finistériennes en ont acheté près de 1 500, l’an passé, à l’association. « Notre message est d’utiliser des pièges sélectifs », souligne Norbert Bourgeois.

L’efficacité de la lutte en question

Une question économique et de biodiversité pour les apiculteurs. Mais pas seulement. La prolifération du frelon asiatique est aussi une question de santé publique, compte tenu du risque mortel des piqûres. Alain Stéphan a échappé au pire, piqué à cinq reprises pour avoir tenté de débroussailler un talus où un nid s’était installé.

Un risque grandissant. Et pour cause, la lutte engagée depuis l’apparition de l’insecte en France, il y a 20 ans, semble inefficace. Elle a coûté l’an passé 12 M€ aux collectivités locales pour seulement 30 à 40 % de nids détruits alors que, selon Quentin Rome, expert au Muséum d’histoire naturelle, il faudrait en détruire 60 % pour simplement en freiner la progression.

Les nids primaires dans le collimateur

Dans ces conditions, l’apiculteur référent de l’association lance un appel à la mobilisation pour le piégeage sélectif de printemps et la destruction systématique des nids primaires. « Allez vérifier dans vos garages, clapiers et abris de jardin s’il n’y en a pas un. Ça a la taille d’une orange et la forme d’une rose. »

Des nids primaires dont le nouveau plan de lutte fait sa seconde priorité. « Ils doivent être systématiquement détruits en présence de la fondatrice dès qu’ils sont découverts », insiste David Philippart, porte-parole du réseau Fredon (Fédérations régionales de lutte et de défense contre les organismes nuisibles). Les nids secondaires, en forme de ballon de basket, ne seront désormais détruits que s’ils représentent un danger immédiat pour l’Homme et les abeilles.