En Bretagne, 387 adultes et adolescents vont recevoir le sacrement du baptême, ce week-end de Pâques. Une nette augmentation par rapport à 2023, où ils étaient 249. Rien qu’en Ille-et-Vilaine, ils seront 167, contre 90 l’an passé : quasiment le double. Le phénomène s’inscrit dans une tendance nationale. La Conférence des évêques de France (CEF) annonce 12 000 baptisés adultes et adolescents, cette année, soit une hausse de 50 % chez les adolescents et de 31 % chez les adultes. Les quatre diocèses bretons, bastions historiques du catholicisme, se retrouvent parmi les territoires français où cette hausse est très marquée, entre 25 et 50 % de plus qu’en 2023.

Les adolescents et adultes catéchumènes (postulants au baptême) qui seront baptisés lors de la Vigile pascale, ce samedi soir, ont suivi une préparation de deux à trois ans. Ils ont donc formulé leur demande de baptême en 2021-2022, en sortie de pandémie. « La hausse de cette année est peut-être liée à la plus grande disponibilité des gens pendant cette période, marquée par la covid, avance-t-on du côté du diocèse de Rennes. Ils ont sûrement eu davantage de temps pour réfléchir à la foi. En tout cas, ce n’est pas le fruit d’un investissement particulier de notre part. »

L’isolement forcé des confinements successifs a éveillé, chez certains, la soif de se regrouper, dans des structures fraternelles ou au service des plus faibles, détaille la CEF. « Dans une société où 80 % des jeunes n’ont pas reçu d’éducation religieuse, ces jeunes « appelés » ont peu d’idées préconçues sur l’Église, ils ont soif de formation, de repères, de fraternité et d’enracinement », assure le père Vincent Breynaert, directeur du service national Jeunes et vocations.

Les raisons qui mènent au catéchuménat sont multiples et de nature très diverses. La CEF évoque plusieurs pistes : des épreuves de vie qui interpellent sur le sens que l’on veut y donner, une rencontre avec un croyant ou encore la volonté de s’inscrire dans un héritage familial qui avait peut-être été interrompu. « En Bretagne, la plupart des familles sont de tradition catholique. Des grands-parents peuvent sensibiliser à la foi leurs petits-enfants alors que la génération des parents y avait été indifférente… Il se produit alors une sorte de raccrochage », explique Georges Provost, historien du religieux en Bretagne.

Calvaires bretons …

Le patrimoine religieux aurait aussi « un impact majeur sur la mise en route d’adultes vers le baptême » et pourrait « clairement jouer un rôle de déclencheur », affirme, de son côté, la CEF dans son enquête parue mercredi 27 mars. Ce patrimoine est omniprésent dans le paysage breton. « Demander à se faire baptiser, pour un jeune, en Bretagne, aujourd’hui, c’est se connecter à une tradition qui peut parler, par les églises, les chapelles, les calvaires, mais aussi les pardons, les pèlerinages, comme le Tro Breiz ou la langue bretonne », rappelle l’historien.

… et influenceurs sur les réseaux sociaux

Le père Nicolas Guillou, prêtre du diocèse de Rennes, avance une explication supplémentaire : « De plus en plus d’adolescents se convertissent après avoir rencontré la foi sur YouTube ou sur les réseaux sociaux, par le biais d’influenceurs chrétiens ». À la suite du Padreblog, premier du genre, apparu sur le web il y a plus de dix ans, des influenceurs comme le frère Paul-Adrien, avec ses 60 millions de vues et ses quelque 340 000 abonnés, ont émergé, ces dernières années. « Les jeunes abordent la question de la foi de façon plus décomplexée que les générations précédentes. »

Baisse des baptêmes de nourrissons

Si les adolescents et jeunes adultes renouvellent clairement le visage des néo-baptisés dans une France – et une Bretagne – largement déchristianisée du point de vue de la pratique religieuse, une tendance est constante : la baisse des baptêmes de nourrissons et d’enfants. Selon l’historien Georges Provost, « les baptêmes d’adolescents et d’adultes ne représentent, au final, qu’un infime rattrapage par rapport aux pertes subies, depuis des décennies, par le catholicisme au stade du baptême des petits enfants. Mais à l’échelle de la personne concernée, le choix conscient est fort ».