Guillaume Bigot est un agriculteur bien dans ses bottes. Associé depuis cinq ans à sa femme et à son beau-frère à la tête d’un élevage laitier biologique de 90 vaches à Briec (29), près de Quimper, le trentenaire est un « Spoteur ». Dans quelques semaines, le jeune producteur ira à la rencontre de parlementaires avec les douze autres agriculteurs de sa promotion, tous cooptés par leur coopérative pour intégrer la formation Spot JA. Rebaptisé Spotentiel, l’incubateur de jeunes talents agricoles a été imaginé, en 1993, par trois coopératives : LT, devenue Evel’up, la Sica de Saint-Pol-de-Léon (29) et Even. Déjà, à l’époque, « il y avait trop de cheveux gris dans les conseils d’administration », rappelle Jean Paul, le premier animateur de la formation dispensée par l’Iréo et destinée à préparer les agriculteurs volontaires à la prise de responsabilités.

Formés à la communication

Unique en France, la formation de deux ans réunie des adhérents de huit coopératives, depuis que Savéol, les Maraîchers d’Armor, Porélia, Eureden et Sodiaal ont rejoint l’aventure. Une association qui se défend de vouloir formater les futurs représentants de la profession, jusqu’au président de coopérative, s’en tenant à des séminaires sur la connaissance de soi, la communication et l’ouverture aux autres.

« Pour moi, il s’agit de voir plus loin que le tank à lait », illustre Guillaume Bigot. Dans sa coopérative, Sodiaal, il a pris des responsabilités au sein du conseil de Région et à la commission nationale bio, avec l’ambition d’apporter son regard sur la production, et de peser sur les décisions. « Chacun se découvre bon communicant grâce à la formation », résume Loïc Conan, son président, producteur de tomates dans les Côtes-d’Armor.

Enjeu de représentativité

Trente ans après la création de l’association, l’enjeu n’a jamais été aussi grand alors que le renouvellement des générations d’agriculteurs peine à s’opérer. D’abord parce que la représentativité de la profession ne fait que se diluer dans la société, malgré l’engagement des quelque 300 « spoteurs » dans la vie associative, dans les conseils municipaux et jusqu’au conseil régional. Mais aussi face aux critiques du « modèle agricole ».

Dans ces conditions, Guillaume Bigot veut prendre le problème à l’envers pour ne pas être contraint à la communication de crise à laquelle il a été formé : « Il faut faire de la communication positive, parce que lorsqu’on lutte, c’est déjà trop tard, les mauvais a priori sont déjà passés. » Dans les prochains mois, il accueillera des écoles dans son exploitation et rencontrera les élus de sa commune dont la population, comme partout en Bretagne, « est de moins en moins rurale. »