Treillis, casque sur les oreilles et arme au poing. Face aux cibles alignées au bout du stand de tir couvert, quinze réservistes en formation s’entraînent aux bases et à la prise en main des fusils d’assaut HK416F. À l’extérieur, un autre groupe part en courant pour un module de combat d’infanterie. Ils sont 60 à terminer une semaine en immersion sur la base lorientaise de la Force maritime des fusiliers et commandos Forfusco, à Lanester (56), tout près de Lorient.

Ces civils ont répondu présent pour renforcer les patrouilles militaires terrestres, qui vont sécuriser les lieux accueillant du public, durant les Jeux olympiques de Paris, du 17 juillet au 9 septembre 2024. Ils viennent de toute la France, sont étudiants ou bien salariés. Pour certains, la mission JO s’apparentera à un job d’été. Pour les autres, elle remplacera leurs congés payés. C’est le cas du quartier-maître Alan, un grand gaillard de 28 ans qui se sent ici comme chez lui. Et pour cause : ancien fusilier marin à Brest, le Lorientais a fini sa vie « d’active » mais travaille désormais chez Naval Group, juste en face de la base Forfusco. En tant qu’ancien militaire, il est également réserviste des armées et trouvait « naturel » de se rendre utile sur cet événement « hors normes ». Déjà aguerri, il a malgré tout suivi les trois modules de formation de ces derniers mois, obligatoires avant de pouvoir être « projeté » sur le terrain cet été. Comme 164 autres personnes au total.

À ses côtés, le quartier-maître Sharleen, 20 ans, affiche un petit gabarit mais une forte motivation. Fraîchement diplômée d’un BTS audiovisuel, la Clermontoise est aussi instructrice pour les préparations militaires Marine (PPM) de sa région, sur son temps libre, depuis un an. « Je suis en train de monter mon dossier pour l’École de Maistrance, à Brest. Alors, ce job en plus pour les Jeux olympiques, ça ne se refuse pas ! Homme ou femme, personne ne fait la différence ici, on a tous les mêmes capacités. J’ai parfois des gens plus âgés sous mon autorité pendant les PMM, ça m’a déjà appris beaucoup sur moi, en termes de leadership et d’autorité. L’été va être chaud, on entend beaucoup parler d’insécurité autour de l’événement. Moi, je suis fière de me rendre disponible pour que tout se passe bien ! »

Chargé du recrutement de ces réservistes au sein de la toute nouvelle flottille de réserve maritime (FRM) Forfusco, le commandant Jean-Yves Piasecki évoque « un beau challenge ». « L’État-major des armées nous a commandé un vivier de 100 personnes pour toute la période couvrant les Jeux olympiques et Paralympiques de Paris. C’est la toute première fois que la Marine contribue de cette manière à des missions de type Sentinelle. Ce recrutement express nous donne un formidable coup de boost pour la constitution, à plus long terme, d’une réserve rénovée. Nous avons utilisé tous les leviers et les réseaux sociaux nous ont bien aidés ».

Plus de 20 kg sur le dos

Réserviste lui-même, l’ancien militaire d’active a été surpris par l’engouement des jeunes de 18-25 ans, qui remplissent la moitié du panel, « volontairement surdoté pour couvrir toute la période ». En mission, chacun portera plus de 20 kg de matériel (gilet pare-balles, casques, munitions, armes) sur le dos. Sport, techniques de combat rapproché, formation initiale en armement et en droit ont fait partie du socle commun. Nourris, blanchis, logés, les futurs patrouilleurs ont une rémunération de base de 60 € par jour en moyenne, selon le grade et hors primes. Ils et elles (il y a 20,5 % de femmes) seront déployé(e)s sur une zone Sud-Ouest, Sud-Est ou Sud, avec un effort sur Marseille, « toujours en trinôme et selon les besoins du moment ». Si certains n’étaient, au final, pas appelés sur le terrain, « ils seront certains d’être intégrés à une unité le temps de leur mission », insiste le commandant.

Tous acceptent les règles du jeu. Le quartier-maître Robin, 28 ans, travaille dans une entreprise de BTP, à Lyon. Il vient pour son mois de congé d’été mais se dit même prêt « à poser du sans solde supplémentaire, s’il le faut ». La Lilloise Léopoldine, 32 ans, laissera au garage, pour toute la période des Jeux, le semi-remorque qu’elle conduit sur les routes départementales.  « Ma maman et mon compagnon s’occuperont de mon fils de quatre ans, comme ils le font pour cette deuxième semaine de préparation en Bretagne, confie-t-elle. Je suis instructeur PPM depuis dix ans, j’ai l’uniforme dans le sang depuis le 11 septembre 2001. Mon patriotisme passionné m’a poussée à être là ».

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40 réservistes opérationnels sur la zone ouest pour les Jeux Olympiques

L’État-Major de la zone de défense Ouest des Armées, qui va de la Vendée à la Normandie, en passant par la Bretagne, est également mobilisé sur la sécurisation des Jeux Olympiques de Paris. « En plus de nos unités activées sur ces JOP, toutes armées confondues (Terre, Air, Marine), 40 personnels réservistes opérationnels figurent également au planning de présence, à partir du 17 juillet 2024 », indique le service communication.

À la différence des recrues volontaires de la Marine, spécialement formées pour l’occasion ces quatre derniers mois au sein de la toute nouvelle flottille de réserve maritime (FRM) Forfusco de Lanester (56), ces 40 personnels proviennent d’une réserve active, déjà mobilisable. « Il s’agit essentiellement d’anciens militaires, qui ont mis fin à leur contrat il y a moins de dix ans », renseignent encore les services. Ces réservistes n’ont pas vocation à patrouiller sur les zones accueillant du public. « Ils sont uniquement mobilisés sur la zone Ouest, en cas de besoin ». Une zone qui ne se trouve pas en première ligne. Il y a bien eu le passage de la flamme olympique en Ille-et-Vilaine, dans le Morbihan et le Finistère, début juin 2024. Mais aucune épreuve des Jeux Olympiques n’est en effet accueillie en Bretagne cet été.