« Des solutions mécaniques plutôt que des pesticides »
Élue à Trémargat et membre du collectif Eau S’cours, Catherine Rouxel est résolument contre l’usage des pesticides en agriculture.
Le Télégramme : Quelle est votre position sur l’usage des pesticides en agriculture ?
Catherine Rouxel : « Pour Eau S’cours, le collectif auquel j’appartiens, les pesticides font partie d’un modèle dépassé. Dans ce modèle, né après la guerre 39-45, les paysans bretons ont consacré une énergie incroyable à se moderniser. Aujourd’hui, ce système est devenu une ogresse qui dévore ses petits et il casse la baraque. Autrement dit, il dégrade la qualité de l’eau, des sols, de l’air mais aussi, la santé de tous. »
Quelle alternative préconisez-vous ?
« Plutôt que d’user de pesticide, il faut se tourner vers des solutions mécaniques telles que le binage et le hersage. Pour changer de pratique, il est important de se rapprocher d’organismes tels le GAB (groupement d’agriculteurs bio) pour s’organiser et mieux travailler. Il y a aussi le Cedapa (Centre d’études pour un développement agricole plus autonome) ou la Confédération paysanne. Et, il faut que la formation agricole soit revue et que l’État prenne en compte les dégâts causés par les pesticides et soutienne les agriculteurs dans ce changement de fonctionnement. Il y a une vraie urgence climatique à agir. »
Quelles sont les conséquences de cet usage sur le territoire du Centre Bretagne ?
« Sur le territoire du Syndicat mixte d’adduction d’eau potable (SMAEP) et du syndicat mixte de Kerné Uhel, il y a, par exemple, deux captages d’eau à Plévin et Paule qui vont être équipés de filtres à charbon pour dépolluer l’eau. Le problème est que cela va coûter 480 000 €. Imaginez s’il faut mettre en place ce système de filtres à charbon à tous les captages… Sur le barrage de Kerné Uhel sur le Blavet, les dernières analyses d’eau que nous avons eu en 2020 montraient des seuils d’ESA métolachlore (*) supérieurs à la norme. Pourtant, les bilans nous disent qu’il y a 100 % d’analyses physico-chimiques qui sont bonnes. Cela berne les élus mais aussi la population. »
Avec le réchauffement climatique, comment voyez-vous évoluer les ressources en eau ?
« Localement, notre collectif pour préserver la ressource en eau a écrit au Préfet des Côtes-d’Armor, au Département, à la Chambre d’agriculture pour demander un moratoire immédiat pour zéro pesticide sur le périmètre du lac de Kerné Uhel, le long du Blavet, de ses affluents et des captages. Et puis, pour préserver l’eau, nous voulons un prix progressif de l’eau potable. Plus on consomme, plus le prix au m3 doit être élevé. »
(*) Molécule issue d’un désherbant.
« Arrêter les pesticides : il faut que ce soit progressif »
Agriculteur à Plémet et élu de la Chambre d’agriculture, Ludovic Le Mée estime que l’usage des pesticides ne peut être arrêté net. Ce mouvement doit être progressif.
Le Télégramme : Que préconise la Chambre d’agriculture en matière d’usage de pesticides ?
Ludovic Le Mée : « Nous intervenons en tant qu’animateur des bassins-versants de l’ouest, du Lié et du Blavet sur le territoire de Loudéac communauté pour tenter de réduire l’usage des produits phytosanitaires, voire de s’en passer totalement. Les préconisations se font en fonction de l’agriculteur. Il y a des choses qu’il est possible de faire sur certaines parcelles, et sur d’autres, pas, suivant certains problèmes comme la présence de ray-grass (*) qui résiste à tous les produits sauf un ou deux, que l’on retrouve alors dans l’eau. Après, il faut aussi tenir compte du temps de travail de l’agriculteur et de sa rémunération. Tout cela entre en compte dans sa prise de décision et dans la préconisation de la Chambre d’agriculture. »
Quelle serait l’alternative aux produits ?
« C’est le désherbage mécanique que l’on va passer une fois, deux fois, voire trois fois… Par rapport à un produit que l’on met dans le pulvérisateur et que l’on ne va passer qu’une seule fois, le temps d’intervention n’est pas le même. En revanche, économiquement, on peut trouver une valeur ajoutée car le produit phytosanitaire coûte cher. »
Pensez-vous qu’il soit possible d’arrêter complètement l’utilisation de pesticides en agriculture ?
« Il faut que ce soit progressif. On peut s’en passer mais après, il faudra tenir compte de problèmes qui vont arriver comme le salissement de parcelles, avec des rendements qui seront impactés, des exploitations qui seront impactées. Aujourd’hui, nous avons de moins en moins de produits qui sont autorisés. Il faut donc trouver d’autres solutions. »
Que pensez-vous de la conversion en bio pour justement arrêter leur usage ?
« Ça demande de l’adaptation à l’agriculteur en tant que tel, pour le changement de pratique. Il y a la taille d’exploitation qui peut bloquer et enfin, qui dit zéro phyto, dit désherbage mécanique. Mais il n’y a pas forcément l’offre sur le territoire, de machines et de main-d’œuvre capables de répondre à la demande à l’instant T. Donc, tout le monde ne peut pas se mettre au bio aujourd’hui. Et puis, il suffit de regarder le marché qui est actuellement en crise. »
(*) Plante graminée adventice, qui résiste à de nombreux pesticides.
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