Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby était de passage en Bretagne ce week-end. Il a inauguré la Maison du rugby à Pontivy, commémoré le championnat du monde militaire à Vannes, remis une médaille à Brest et fait un passage au 19e Tournoi international de Cornouaille à Quimper. « C’est mon 2e passage en Bretagne, qui en appelle beaucoup d’autres car c’est un territoire où il y a un développement important et un potentiel de développement énorme autant pour les garçons que les filles, c’est pour ça que je viens et fais ce périple. »
Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby a fait un détour par le Tournoi international de Cornouaille. Gaëtan Donnart
Où en est le développement du rugby en Bretagne justement ?
L’envie de rugby est énorme les chiffres d’audiences régionalisés le montrent, mais il n’y a pas les installations nécessaires. Il y a 2 000 terrains de football et 86 terrains de rugby. Les installations sont insuffisantes. C’est un frein énorme. On a vrai chantier sur la féminisation des vestiaires. On a un enjeu sur le développement du rugby dans le monde scolaire.
Ici, le club de Quimper a pris son destin en main. Il s’est financé seul un club-house et un bureau pour ses salariés. Il est malgré tout gêné aux encoignures, vu l’appétence qu’il y a pour le rugby. Son 2e terrain n’est pas homologué.
Comment faire pour que cet essor perdure ?
Il faut donner plus moyens au local, on a augmenté de 50 % les moyens des Ligues régionales et départementales, on a surpondéré sur les territoires de développement comme c’est le cas de la Bretagne, car il y a un potentiel de croissance qu’il faut amplifier. On a rajouté trois millions aux six millions. Les batailles se gagnent localement.
12 M€ de remboursements kilométriques
Si les licenciés ont augmenté de 40 % en quatre ans, ils restent encore trop peu nombreux, comme continuer à faire gonfler les effectifs des clubs ?
Il n’y a que 66 clubs pour toute la Bretagne, on a besoin de mieux mailler le territoire. Il y a des gens qui ne font pas de rugby, car ils n’ont pas de solution de proximité. À 10 km près on divise par trois le taux de pénétration du rugby. Il faudrait qu’il y ait tous les dix kilomètres un club ou un satellite d’un club existant. On veut créer des antennes d’écoles de rugby des clubs déjà structurés qu’on pourrait faire sur un terrain de foot de la commune.
La question de l’éloignement n’est-elle pas aussi un frein au développement…
La Fédé met 12 millions d’euros dans le remboursement kilométrique des clubs, elle est la seule à faire ça. Forcément les clubs plus excentrés sont un poil plus aidés. Ce n’est pas suffisant, le vrai sujet c’est la densification. C’est pour ça qu’on doit créer le maillage. Un club qui crée des antennes a la possibilité d’augmenter massivement son nombre de licenciés. Si on densifie, on pourra faire des compétitions plus domestiques [il y a cinq ans il n’y avait qu’un club en Fédérale 2, aujourd’hui il y en a 3]. On a un seuil à passer pour que ce soit plus acceptable, en particulier pour les filles qui font des kilomètres que les garçons ne feraient pas.
« Les gamins en surpoids bienvenus »
Comment éviter la fuite des jeunes à l’adolescence en cadet-junior ?
Pour que le haut de la pyramide soit fort, il faut que la base soit forte. Le drame du rugby a été d’être financiarisé, d’être concentré dans quelques grandes villes au détriment des villes moyennes, des villages et certains clubs ont eu tendance à tout concentrer sur l’équipe première au détriment de la formation. J’aime bien ce club de Quimper ici, car il joue en Régionale 1, mais il investit sur les jeunes, car ses cadets jouent en national. Un club doit jouer où sa formation le pousse, il y a une cohérence. Ça ne va pas quand un club joue en Fédérale 1 et que ses gamins jouent en régional et ne pourront jamais prétendre jouer en première.
Si on fait des clubs champignons a grosse tête et petit corps, c’est pas bon. Il faut que le corps puisse porter la tête. Il faut que toute la formation conduise à faire jouer son équipe première au meilleur niveau possible.
Vous êtes aussi un fervent défenseur des valeurs sociétales du rugby…
Il y a beaucoup de choses à faire pour développer le rugby dans sa dimension sportive, éducative et citoyenne : rugby adapté, rugby santé, action dans les quartiers, zones de revitalisation rurales, question de l’obésité. Chez nous on est un des rares sports, où les gamins en surpoids ce n’est pas un problème, au contraire on va leur faire un bien fou. On devrait nous les envoyer.
Le parcours avorté de la France en Coupe du monde a-t-il eu un effet négatif ?
Négatif, je ne crois pas l’image qui a été donnée du rugby est là et reste incrustée. On a donné à ces huit semaines de coupe du monde qui sont passées de manière magique. Il n’y a pas eu la moindre échauffourée, la moindre difficulté. Tout le monde a compris que le rugby est un enjeu d’éducation et pas simplement un enjeu sportif. Les parents qui mettent leur gamin dans les écoles de rugby, ont tout compris. Car on ne transforme pas que les essais, on transforme les personnes.
Les gens qui font du rugby ne sont pas les mêmes après ; C’est très emblématique. Quand on voit les joueurs stars, comme Caroline Drouin ou Nolann Le Garrec, ils incarnent des notions qui sont clés au rugby : le respect, la solidarité, l’humilité, la loyauté, l’esprit d’équipe. Dupont arrive sur le rugby à 7 sur la pointe des pieds, car il veut gagner sa place. Ça dit tout de ce qu’est le rugby.
35000 ballons dans les écoles
Mais le rugby pro avec ces énormes collisions n’est-il pas de nature à faire peur aux parents au final ?
On a adapté les règles dans les écoles de rugby. On a un apprentissage très progressif du contact, on a le rugby à 5 qui est un sport sans choc, sans plaquages. On a du rugby santé, comme ici à Quimper, où le doyen à 86 ans. On a plein de formes de rugby qui sont adaptés à tous les gabarits et toutes les tailles.
Le rugby qu’on voit à la télé ce n’est pas celui pratiqué dans les clubs. Les parents peuvent mettre leurs enfants sans difficulté et leur faire bénéficier ce sur le rugby peut apporter aux gens dans la manière de contribuer à en faire des belles personnes. C’est pour ça que je vais voir les collectivités quand je suis sur le terrain, quatre jours par semaine, en leur disant d’investir dans le rugby.
Car ils vont investir dans quelque chose qui va contribuer à améliorer la société. On est le 2e sport en France dans les médias, on est que le 10e en termes de licenciés. En est 25 % en dessous de la moyenne nationale sur la pratique du rugby. Il y a un rattrapage indispensable qui fera du bien.
Le rugby à l’école reste aussi un vaste chantier ?
Oui on part de loin, mais après la Coupe du monde je suis allé voir Gabriel Attal qui était alors ministre de l’Éducation nationale, on a prévu de mettre 35 000 ballons dans les 35 000 écoles primaires publiques à la rentrée, pour que les professeurs des écoles puissent faire du rugby à 5 sans choc et sans plaquage en mixité dans les cours d’école.
Puisqu’on est le seul sport inventé à l’école, mon rêve c’est que dans les Instituts de formation des écoles, on forme les professeurs au rugby à 5 pour que la culture du rugby et de ses valeurs de respect se diffuse dans ce pays. Elle peut faire du bien pour mieux vivre en société.
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