« Chaque génération est façonnée par la façon dont elle a été socialisée », explique Daniel Ollivier. Ainsi, les baby-boomers, nés entre 1948 et 1964, et la génération X, née de 1965 à 1979, ont connu un modèle éducatif façonné par la famille, l’école et le travail, la religion pour certains, l’armée pour les hommes, « basé sur l’obéissance et la soumission des enfants ».
À l’inverse, la génération Y, née entre 1980 et 1995, puis la génération Z ont grandi avec une prédominance des amis, l’apparition des réseaux sociaux, et des interactions permanentes. « Les parents étaient dans une logique de communication avec leurs enfants, et cherchaient à les rendre autonomes ».
Des valeurs différentes
« Quand les jeunes ont entre 15 et 20 ans, le contexte économique et social va aussi impacter leur système de valeurs », rajoute le sociologue. Si les baby-boomers ont grandi pendant les 30 glorieuses, et ont foi dans la croissance, la génération X, qui a connu les chocs pétroliers et le Sida, compte beaucoup de déçus, suite à la panne de l’ascenseur social, et est méfiante vis-à-vis du monde du travail.
Confrontée à la mondialisation et à la généralisation des familles monoparentales, la génération Y a intégré la mobilité professionnelle. Ayant connu le terrorisme et le Covid, la génération Z mise sur l’hédonisme et l’instant présent.
Le travail n’est plus prioritaire
Bien qu’elle soit décriée, volontiers taxée d’impatiente ou nonchalante, « la génération Z répond aux besoins du monde du travail », insiste Daniel Ollivier. « Elle a confiance en elle et en sa capacité d’adaptation, a une vision positive du changement, travaille en réseau, innove… ».
Aux employeurs de prêter attention aux valeurs de ces jeunes, afin d’en tenir compte. « Le travail est important pour eux, mais pas prioritaire : ils ne veulent pas sacrifier leur vie affective. Et puisqu’ils souhaitent concilier vie professionnelle et vie personnelle, il faut respecter les horaires : ils ont d’autres activités après le travail ».
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D’abord le respect
D’après une enquête menée en 2020 auprès de 53 000 jeunes, le respect est la première des valeurs auxquelles ils adhèrent, citée par 68 % d’entre eux, loin devant la liberté et l’honnêteté, 48 %, ou la bienveillance, 43 %. « Le respect implique aussi d’être traité d’égal à égal : être subordonné hiérarchique ne leur va pas ». Et l’argent n’est une valeur que pour 7 % d’entre eux, le pouvoir pour 2 %.
Ainsi, la génération Z préfère les droits aux devoirs, l’agilité à la sécurité, l’immédiateté à la proactivité, la mobilité à la fidélisation. « Certes, ces salariés ne vont pas faire carrière dans votre entreprise », lance Daniel Ollivier aux employeurs. « Ce n’est pas un manque de loyauté, juste le sentiment d’avoir fait rapidement le tour de leur poste. Et vous allez en récupérer d’autres, qui auront acquis des compétences ailleurs ».
L’agriculture a de nombreux atouts
Dans un marché du travail tendu, le secteur agricole a de nombreux atouts à faire valoir auprès de la génération Z. « Vos entreprises sont à taille humaine, proposent des métiers qui ont du sens, en lien avec la nature, laissent rapidement une certaine autonomie aux salariés », énumère le sociologue, qui leur prodigue aussi quelques conseils. « Il faut commencer par les écouter, les interroger sur la façon dont ils envisagent leur travail, et créer un climat de confiance, afin qu’ils se sentent respectés, reconnus et considérés. Et ne pas oublier qu’ils accordent plus d’importance aux compétences relationnelles qu’organisationnelles ou techniques ».
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