« La ferme était classique, pâturage l’été, maïs ensilage et soja l’hiver ». Quand il rejoint le GAEC de Kerchernec, à Mellac, au départ en retraite de son père, Erwan Cutullic a déjà une idée bien précise de ce qu’il veut faire. Trois ans plus tard, Lucie Winckler, sa compagne, et Gwénolé Le Bec, un ami d’enfance, le rejoignent, quand son oncle part à son tour en retraite. « Et notre système nous permet de rémunérer trois associés sur ce qui est considéré aujourd’hui comme une petite ferme, avec 84 ha et 75 laitières ».
Un parcellaire groupé autour des bâtiments
Dans l’intervalle, l’exploitation s’est convertie à la bio. Et le maïs a été cultivé pour la dernière fois en 2019. « Les stocks coûtent cher », estime Erwan. « L’objectif était de développer un système pâturant ». Ici, atout de taille, le parcellaire est groupé autour des bâtiments, et la construction d’un boviduc sous une route passante a permis de gagner en accessibilité.
Des parcelles accessibles toute l’année
Les sols sont portants. « Et l’an passé, les vaches n’ont passé que 60 demi-journées en bâtiment : dès qu’il ne pleut plus, elles sortent ». Des chemins ont été aménagés sur l’exploitation, et sont régulièrement entretenus. Et le réseau d’eau permet de découper de petits paddocks, un avantage en automne, quand les laitières ont accès, à partir du 15 octobre et jusque fin décembre, à de l’herbe sur pied, soigneusement rationnée pour éviter le gaspillage.
Suivre la pousse de l’herbe
« L’herbomètre est l’outil le plus rentabilisé de l’exploitation », affirme l’éleveur, qui réalise le tour de ses parcelles une fois tous les 10 jours en pleine saison de pousse. « Ça nous permet de savoir où on en est, et de se projeter sur le mois à venir ». Car toutes les campagnes sont différentes « et on constate une amplitude énorme dans la pousse de l’herbe ».
Des stocks de sécurité
Si l’idée est de maximiser le pâturage, afin de limiter les frais de mécanisation et le temps de travail, l’exploitation constitue néanmoins des stocks d’herbe, sous forme de foin et d’enrubanné. « Il nous reste encore de l’enrubanné de 2021 : il nous a permis de passer sereinement la sécheresse de l’an passé ». Ramassé très sec, à 60 voire 70 % de matière sèche, il se conserve bien. Et les vaches font peu de refus à l’auge.
Des sols peu profonds et séchants
Revers de la médaille de sols portants, ils sont peu profonds et séchants en été. La reproduction a donc été calée sur la pousse de l’herbe : les deux tiers du troupeau vêlent sur 7 semaines, au printemps, un tiers sur 4 semaines, à l’automne. Un lot de vaches taries en janvier-février et un autre en juillet-août permettent de réduire la demande en herbe de qualité, à des périodes où elle est peu disponible.
Valoriser les zones humides
Ainsi, durant l’été, les taries valorisent une prairie humide, de 7 ha. Jusque-là délaissée, car non accessible en tracteur, elle était couverte de saules. « Dès que le bois a été broyé, l’herbe a repoussé », explique Erwan. « La flore spontanée était encore présente ». Les vaches consomment l’herbe sur pied, « et même les joncs », pour une production estimée à 5 t/ha. Un rendement équivalent à certaines autres parcelles les années de sécheresse !
Des animaux croisés
« Il y a du pique et du carreau », s’exclame Erwan, en faisant découvrir le troupeau au pâturage. Partant de la race Prim’Holstein, les associés ont pratiqué le croisement sur la moitié des vaches. « Avec des taureaux de race jersiaise, simmental, rouge suédois, tarentaise », énumère Lucie. « On regarde chaque vache et on essaie de corriger les défauts avec une race qui compense ». Les efforts ont porté sur la santé de la mamelle, la reproduction, les boiteries. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on ne va pas garder les quelques Normandes du troupeau ».
Le taux de renouvellement est faible, 17 % en moyenne, et une douzaine de génisses sont gardées tous les ans. « Les autres vaches sont inséminées en races à viande, Bleu et de plus en plus Angus : les vêlages sont faciles, et les veaux bien valorisés ».
La monotraite une partie de l’année
Pratiquée une bonne partie de l’année, la monotraite va sans doute devenir la norme sous peu. « Elle permet de pâturer plus loin, les vaches faisant moins souvent le trajet », indique l’éleveur. Les taux sont aussi au rendez-vous, 50-37, « même avec des Holstein », et les animaux sont en état. « On améliore les résultats de reproduction. Et on travaille moins ». C’est là l’un des objectifs des associés, qui veulent garder du temps pour eux et leur famille, et prennent tous les ans 5 semaines de vacances. « Pendant ce temps, Gwénolé est seul à faire le travail. On s’arrange donc pour partir quand il n’y a ni vêlages ni travaux dans les champs. Et au printemps et en été, une partie du troupeau est tari. Le travail d’astreinte lui demande la matinée. Il a l’après-midi pour gérer les imprévus, ou faire autre chose ».
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Changer la salle de traite ?
Avec un équipement 2×5, la traite demande 2 h 30, soins aux veaux compris. « On avait pour projet de changer la salle de traite et de construire un bâtiment neuf. Mais ce ne sera sans doute pas fait : notre objectif est d‘investir dans ce qui est rentable, pas de disposer d’une cathédrale qu’on vendra cher à un pigeon au moment de partir en retraite ».
Un système économe
C’est aussi la raison pour laquelle les associés ont limité le matériel en propre à une faneuse, une épareuse, quelques tracteurs… « L’andaineur est en Cuma, l’enrubanneuse et le round aussi, tout comme l’épandage de fumier et de lisier », détaille Erwan. « Notre système est économe », renchérit Lucie. « On n’achète pas grand-chose, ni fourrages, ni minéraux, ni concentrés. Et le coût alimentaire est de l’ordre de 10 à 15 €/1 000 l de lait ».
Des arbres pour abriter les animaux
Disposant d’un bon potentiel bocager, l’exploitation est adhérente de la Scic, la société coopérative d’intérêt collectif Énergies bois sud Cornouaille, à laquelle elle livre 80 t de plaquettes par an. Mais elle continue les plantations, cette fois en intraparcellaire. « Nous avons une grande parcelle, chaude en été, ventée en hiver, tellement froide que la pousse de l’herbe est décalée au printemps. Mais les arbres mettent du temps à pousser ! »
Le Civam en bref
A l’occasion du mois de l’installation durable, en novembre dernier, le Civam, le centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural, a proposé de nombreux rendez-vous aux agriculteurs, porteurs de projets, scolaires, élus….
« Nous voulons des campagnes vivantes, avec une agriculture paysanne, viable, qui respecte les hommes et la nature, des installations nombreuses, du bien-être au travail, des démarches autonomes et économes, du circuit court, des échanges… », détaille Sophie Pattée, animatrice-coordinatrice du Civam du Finistère.
Privilégiant l’approche collective et humaine de l’éducation populaire, l’autonomie des personnes et des groupes, et la durabilité des systèmes, le Civam travaille sur la transmission, l’installation et l’accueil social en milieu rural, l’accès à une alimentation de qualité pour tous…
Tout au long de l’année, il propose un accompagnement à la création d’activité, à la transmission de fermes, aux initiatives collectives (circuits courts, création de magasins…), à la relation entre associés… Il organise aussi des temps d’échanges : café installation, visites de ferme, causeries paysannes…, et des formations sur de nombreux sujets.
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