L’agriculture, Bernard Morel pourrait vous en parler pendant des heures. En bien, mais aussi en mal. Il y a travaillé durant 42 ans, d’abord en conventionnel, puis en bio à Drouges, au sud de Vitré (Ille-et-Vilaine).
Dans le cadre du tour de France de Secrets Toxiques, il viendra raconter son parcours, lundi 19 février 2024 à Vitré.
« On savait que c’était dangereux »
« J’ai commencé comme aide familial en 1973 auprès de mes parents sur l’exploitation à Drouges. En 1983, je me suis installé. On avait trois productions : du lait, du porc et des cultures, mais j’ai surtout travaillé sur la première et la dernière », commence Bernard Morel, 70 ans.
À cette époque, l’utilisation pesticides est répandue dans les exploitations. « On ne concevait pas de conduire de culture sans les produits de traitement. Il y avait des herbicides, des fongicides et des insecticides. Il y avait aussi les produits chimiques utilisés sur les animaux. »
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Il fallait lutter contre les maladies parasitaires comme le varron. « On savait que c’était dangereux. On mettait le produit sur le dos des animaux et il fallait utiliser des gants. Mais je me rappelle qu’on n’avait pas de masque », ajoute Bernard Morel.
Les campagnes de traitement s’enchaînent et l’exposition aux produits également.
L’éradication de certaines maladies se justifiait afin de protéger les animaux, mais aussi pour une question de santé humaine.
« On devait nourrir la planète »
De 1973 à 1997, Bernard Morel a également été exposé aux produits de traitement utilisés pour les cultures.
« Au tout début, je ne soupçonnais pas qu’il y avait des risques sur la santé. Lors de ma formation agricole, à aucun moment, on nous a dit que nos pratiques d’utilisation des produits avaient des conséquences sur l’environnement. »
Pourtant, à cette époque, il y a des alertes comme celle de René Dumont, ancien agronome et homme politique. « Il avait conscience de ça, mais il a parlé dans le vide… »
Mais la politique productiviste est trop forte.
On nous disait aussi qu’on devait nourrir la planète…
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Une conversion en bio en 1997
Mais l’ancien agriculteur en a eu marre de ce système. « En 1997, j’ai décidé de passer en agriculture bio. J’ai donc arrêté l’utilisation de pesticides. »
L’élément déclencheur de cette conversion : les OGM. « L’industrie chimique poussait fort pour leur utilisation. Cela a été la goutte qui a fait déborder le vase », se rappelle Bernard Morel.
Avant déjà sa conversion définitive, les pratiques de l »exploitation avaient déjà évolué.
On avait augmenté la part d’herbe dans l’alimentation des bêtes et donc diminué le maïs. Je suis passé de 12-13 hectares à 4. Les vaches devaient aussi pâturer au maximum.
Au quotidien, c’est aussi davantage de travail, mais Bernard Morel s’y retrouvait complètement, ce qui ne manque pas d’interpeller les autres agriculteurs.
« J’étais un des premiers agriculteurs bio dans le pays de La Guerche. Beaucoup m’interrogeaient pour savoir comment j’utilisais les outils. Je leur ai montré qu’il était possible de tenir une exploitation sans pesticides. »
Une maladie du sang en 2020
Après 18 ans en bio, Bernard Morel quitte l’agriculture en 2015. Pensant jouir d’une retraite paisible dans la campagne de Drouges, il va apprendre une mauvaise nouvelle en 2020.
Après une « banale analyse de sang », on lui découvre un taux anormal de lymphocyte dans le sang. Une seconde analyse confirme la première. Un hématologue met un nom sur la maladie.
C’est une leucémie lymphoïde chronique. C’est une maladie de la moelle osseuse.
Quand il l’apprend, Bernard Morel ne fait pas un lien directement avec son ancienne vie professionnelle. Et c’est une rencontre, lors d’un salon à Retiers avec le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, qu’on lui fait le rapprochement.
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« On m’a dit que ma maladie était dans le tableau des maladies professionnelles. » Un choc pour Bernard Morel.
Rapidement, il fait les démarches pour reconnaître sa maladie auprès de la Mutualité sociale agricole (MSA).
« Une enquêtrice est venue ici pour me demander quels produits et à quelle fréquence je les utilisais. Il y avait plein de produits qui sont interdits aujourd’hui… »
Sa maladie professionnelle sera reconnue en 2023. Depuis, Il reçoit une indemnité. Aujourd’hui, si la maladie évolue peu, elle reste une « épée de Damoclès ».
« Compliqué de changer de système »
Avec du recul et à travers son parcours, Bernard appelle aujourd’hui à une prise de conscience du monde agricole.
« C’est compliqué de changer de système. Sans être dans le bio absolument, je pense qu’il y a beaucoup d’agriculteurs prêts à changer pour aller vers des pratiques plus vertueuses. »
Mais difficile, selon lui, de faire face au « rouleau compresseur » que représente l’industrie chimique et son travail de « lobbying ». Dernier exemple en date : la mise sur pause du programme censé réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Incompréhensible pour Bernard Morel et le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest dont il fait partie.
« Il faut les gens prennent conscience qu’il peut y avoir un lien entre la maladie et leurs pratiques professionnelles », conclut Bernard Morel.
Tour de France de Secrets Toxiques, lundi 19 février à 20h30, maison de quartier Maison Rouge. En présence d’Isabelle Georges, administratrice de Secrets Toxiques, Goulven Oillic (Initiative Bio Bretagne, conseiller régional), Jacques Le Letty (association Vitré Tuvalu) et Bernard Morel (Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest).
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